Me voici au bord de la mer au niveau de la plage de Grand Popo. La rive est très propre et accueillante. Au niveau de la beige, jonchent de cocoteraies dans lesquelles les espaces réservés à accueillir des visiteurs. Plus loin, le sable jaune que les vagues d’eau viennent se jeter, attirent tout le monde. Je me reposais devant une nappe d’eau. Cette dernière me projette des vagues d’eau incessantes comme signe de bienvenue. Un vent frais fouettait mon visage. Le ciel bleu semble toucher l’horizon. Sur la cote, les feuilles des palmiers se balancent de gauche à droite comme si quelques-unes les obligent à faire des pas de danse avec cadence. Au sol des petits crabes font leur loi. Je me suis assise à même le sol. L’atmosphère parait calme. Autour de moi, les Pêcheurs sont concentrés sur la réparation de leur filet. Ce vide silencieux me fait plonger dans mes pensées. Soudain une voix inhabituelle me fait sursauter dans mon monde de rêverie. Une dame à peu près la vingtaine d’année attire mon attention. Heureuse dans une chanson qu’elle fredonnait, une chanson intitulée « sodabi gali à do mon ye na wé bé djemongbha, wai lokpo e n’a le nukoun yé ». Traduction « l’alcool n’est pas la farine de manioc, lorsqu’on te donne il faut refuser. Vient prendre un verre, tu tournes les gros yeux. Voici les résultats ». La chanson est reprise en chœur par les petits enfants et quelques badeaux qui suivent le spectacle. Arrivée à mon niveau, elle a été interpellée par une vieille maigrichonne élancée, torse nu, où les os de son thorax sont très visibles. Les seins en bandoulière qui flottent à l’air libre. La voix de la vieille dame freine automatiquement notre femme et les enfants qui l’accompagnent. Chacun prend ses jambes à son cou et le groupuscule d’individu se disperse. Elle se met à marmonner quelques choses. La patriarche la gronde sévèrement. Elle montre du doigt son ventre arrondi comme une balle de football. Je comprends finalement que mon hôte est enceint et s’adonne aussi à consommer allègrement de l’alcool (Sodabi en langue fon du Bénin). Approchée des deux personnes, la personne âgée me raconte l’histoire alors que je ne lui ai rien demandé. Selon les propos de la centenaire, chaque fois qu’elle tombe enceinte, elle ne fait que boire de l’alcool. Elle persiste en disant qu’ils ont tout faire pour la guérir mais rien n’y fit. Les grands féticheurs de son village ont tout fait mais rien n’y fit. Elle martèle que la dame a perdu un bébé dans les mêmes conditions. De ce fait, la vieille maman soulève ses yeux au ciel comme si elle implore la clémence de DIEU de venir à son secours. Tout semble l’abandonner. La jeune dame ne s’intéresse point aux supplices de la femme agée.Son seul souci s’est de boire à nouveau de l’alcool. Elle en réclame avec le geste de la main. Est-ce que le bébé va survivre ? Que fait demande la personne âgée ? Je l’ai écouté attentivement son récit Ensuite je la conseille de se rendre dans un centre de santé afin que sa fille soit prise en charge par un agent de santé qualifié ; assermenté et dévoué à la tâche. Je quitte mes hôtes sous une note de satisfaction totale.
Qu’est ce que l’alcoolisme chez la femme enceinte
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) une femme enceinte alcoolique est une femme qui consomme de l’alcool de manière régulière et excessive pendant sa grossesse augmentant ainsi les risques pour le développement du fœtus il n’y a pas le seuil de consommation sans danger pendant la grossesse et toute consommation est considérée comme potentiellement nocive.
L’alcoolodépendance est avérée lorsque la consommation de boissons alcoolisées devient prioritaire par rapport aux autres comportements auparavant prédominant chez une personne, le désir de boire de l’alcool devient impossible à maitriser et doit être assouvi au détriment de toute autre considération.
L’alcoolisme désigne l’addiction ou la dépendance à l’alcool. Vous êtes dépendants à l’alcool si vous avez envie de boire tout le temps. Si vous ne vous sentez pas bien lorsque vous ne buvez pas l’alcool par exemple vous tremblez, vous avez des angoisses , des palpitations.
Symptômes de l’alcoolisme chez la femme enceinte
Les signes du Syndrome de l’Alcoolisme Fœtal (SAF) sur le visage adulte sont des traits faciaux distincts. Ces signes comprennent un espace réduit entre les yeux, un pultrum effacé et une lèvre supérieure affinée.
-Petite taille par leur âge, poids de naissance inferieure à la moyenne, tête de taille disproportionnelle par rapport au corps
Nous pouvons avoir des malformations physiques tels que :
– Anomalie cardiaque, déformation des membres, problèmes rénaux ou osseux,
Sur le plan neurologies : retard de l’acquisition de la parole, des difficultés à articuler et comprendre des phrases complexes, régulation émotionnelle
Les défis rencontrés incluant : une tendance à des sauts d’humeur, une difficulté à comprendre et à exprimer adéquatement ses émotions, une hypersensibilité aux stimuli environnementaux,
– Sociabilité (la navigation dans le monde social peut être compliquée)
, – difficultés peuvent interagir avec les paires, une susceptibilité accrue ou rejet ou à la moquerie, une préférence pour la solitude ou des interactions limites
– La salle de classe : est un terrain difficile. C’est à dire l’environnement académique peut se révéler être une jungle pour un enfant atteint du syndrome d’alcool fœtal nécessitant une attention et des ressources spécifiques
– Au niveau de l’attention et de la concentration les défis à relever : une distractibilité accrue, même avec de faibles stimuli, une difficulté de concentration sur une tache pendant de longues périodes, un besoin fréquent de pauses ou d’intervention pour recentre l’attention
La mémorisation, il y a aussi une difficulté à retenir des informations à long terme, une dépendance accrue à des aides visuelles ou tactiles pour la mémorisation.
Quant au raisonnement, les défis avec des tâches nécessitant une pensée conceptuelle, une préférence pour l’apprentissage concret et visuel. Nous devons savoir que beaucoup d’enfants bénéficient d’une individualité, d’utilisation des techniques adaptatives, d’un encadrement étroit avec des professionnels spécialisés.
Les facteurs de l’alcoolisme chez la femme enceinte
La recherche des effets dits « positifs » de l’alcool contre l’anxiété, les troubles de sommeil, la dépression, la douleur, ou la pression sociale au domicile ou lors des évènements festifs.
Les facteurs génétiques, les facteurs socio-économiques (pauvreté), les facteurs cultures (fête, détente entre ami,), les troubles psychiques (phobies)
Les conséquences de l’alcoolisme chez la femme enceinte
L’alcool a un effet direct sur le cerveau. IL peut entrainer diverses manifestations selon la quantité ingérée. A faible dose, il procure une sensation de détente et d’euphorie voire d’excitation. Ces personnes libèrent la parole, faire la lâche prise, avoir une sensation de facilité à exécuter les tâches et aide à s’affranchir d’une éventuelle timidité .
Lorsque nous sommes dans un temps de fraicheur et nous prenons de l’alcool, nous avons l’impression que l’alcool donne de la chaleur mais il s’agit d’une dilatation des vaisseaux sanguins de la peau. Nous devons savoir que cette impression est trompeuse car elle s’accompagne en réalité d’une perte de chaleur et un risque de refroidissement.
A forte dose l’alcool provoque de l’ivresse qui se traduit par exemple par une mauvaise coordination des mouvements. Nous pouvons avoir des troubles de l’équilibre et des chutes, une augmentation des temps de réactions, une diminution plus nette des réflexes et de la vigilance, des troubles de la vue, des difficultés pour parler, des troubles de la mémoire, la confusion.
Lorsque l’alcool est mélangé à d’autres produits psychoactifs par exemple le cannabis autres drogues, des médicaments, d’autres effets apparaissent tels que les vomissements, les maux de tête, trouble de la perception, de la parole, de la mémoire, perte d’équilibre.
La consommation très importante de l’alcool peut entrainer une somnolence voire une perte de connaissance : c’est le coma éthylique. Dans ce cas la tension artérielle et la température corporelle dimunient.il nécessite en urgence une hospitalisation car faute de soins il peut être fatal.
Les conséquences les plus apparentes chez un alcoolite sont : avoir des sueurs ou des palpitations, avoir des angoisses, de l’agressivité, de la violence, des délits, perdre de son sang-froid plus vite, agir de façon extrême ou agressif, tentative à l’acte suicidaire, baisses des rapports sexuels ce qui affecte la capacité à maitriser les situations et à se fixer les limites. Le risque est d’avoir une relation sexuelle non souhaitée ou d’oublier les mesures de contraception et de prévention des infections sensuellement transmissibles (IST). Par exemple chez l’homme on peut avoir trouble d’érection mais chez la femme une diminution du plaisir sexuel.
L’alcool augmente le risque de développement du cancer notamment le cancer de la bouche, de la gorge, de foie, du pancréas et des intestins et on peut y avoir des maladies graves comme des maladies du foie, du cœur du pancréas, du cerveau.
Par contre la consommation de l’alcool par la femme enceinte passe très rapidement dans le sang du fœtus. Il peut être responsable, des fausses couches, des accouchements prématurés, d’un retard de croissance, de grave malformation, voire le décès du nouveau-né. Soit l’enfant a un retard dans l’acquisition du langage, de l’écriture, de la motricité fine, de troubles de comportements.
« La gueule de bois » : avoir une sensation de tète lourde au réveil, maux de tête et nausée, tout cela est dû à la déshydratation par élimination excessive d’eau à la toxicité de certains composant de l’alcool et à la perturbation du cycle du sommeil survenant lors de la consommation importante de l’alcool.
Conseils et traitements
Nous devons savoir qu’il est déconseillé de consommer pendant la grossesse la prise de l’alcool car elle est particulièrement néfaste. L’alcool passe la barrière du placenta et se retrouve dans le sang du fœtus à des concentrations plus élevées. Ce produit est très nuisible à la santé du fœtus et de la mère. Lorsqu’elle a envie de l’alcool il faut toujours s’adresser à son médecin traitant. Ill faut éviter que la femme ait à la portée des mains des produits nocifs. Les parents et amis proches doivent la surveiller rigoureusement. Eviter à la femme d’avoir des contraintes qui peuvent la conduire à consommer de l’alcool.
En cas de la consommation de l’alcool, il faut conduire immédiatement cette dernière à l’Hospital pour une meilleure prise en charge par un agent de santé qualifié et assermenté à la tâche.
AFFANOU Eve Mireille
Sage-femme diplômée d’Etat / Echographiste
Ex – Déléguée du personnel du CHU-MEL