À Parakou, bastion électoral stratégique du septentrion, une tension larvée mais palpable s’installe entre les figures majeures du Bloc Républicain (BR). La mésentente entre les leaders historiques du parti dans la 8e circonscription électorale — notamment entre Samou Seïdou Adambi et Rachidi Gbadamassi — crée un climat de guerre froide interne, dont l’opposition semble tirer subtilement avantage.
Une rivalité silencieuse mais structurante
En façade, le parti donne l’image d’unité. Mais en coulisses, les divergences d’orientation, d’ego politique et de leadership fragmentent la dynamique collective. Le Ministre Samou Adambi, ancien ministre du gouvernement et originaire du Borgou, incarne une vision rigoureuse du développement local, consolidée par sa proximité avec le Président Patrice Talon. Son poids dans la 8e circonscription est indéniable : il bénéficie d’un ancrage solide auprès des jeunes, des milieux religieux et d’une partie de l’élite locale, grâce à une méthode de gestion axée sur les résultats
Face à lui, l’ancien député Rachidi Gbadamassi, longtemps considéré comme le « parrain » politique de Parakou, conserve une base militante aguerrie. Mais son influence s’effrite peu à peu, notamment avec l’émergence de nouveaux visages et le repositionnement d’anciens alliés.
Un rapport de force déséquilibré
Si le BR ambitionne de conserver sa suprématie électorale dans la 8e circonscription lors des prochaines joutes de 2026, l’équation Adambi devient incontournable. L’homme est perçu comme un acteur stratégique dans la mise en œuvre des projets structurants, et sa posture technocratique séduit au-delà du cercle partisan. Écarter ou marginaliser un tel profil, ou même l’ignorer dans la gestion interne du parti, exposerait le BR à une perte sèche d’influence, voire à des défections silencieuses.
L’opposition, attentive, capitalise déjà sur ces failles. Des partis comme Les Démocrates, en pleine offensive de terrain, multiplient les actions de proximité à Parakou et pourraient bénéficier d’un transfert de sympathie en cas d’éclatement de la majorité locale du BR.
Une architecture politique à repenser
Le Bloc Républicain ne peut se permettre un échec dans la 8e circonscription. Il s’agit non seulement d’une circonscription électoralement dense, mais aussi d’un pôle stratégique dans la politique nationale de développement du septentrion. La désunion entre ses figures de proue fragilise la base militante et brouille la lisibilité de son action politique sur le terrain.
Face à cette situation, plusieurs voix internes appellent à une médiation d’urgence et à une réorganisation plus inclusive de la structure régionale du parti. Pour que le BR demeure compétitif à Parakou, il lui faudra réconcilier ses caciques, repositionner ses jeunes cadres et surtout, éviter de sacrifier des piliers solides comme Samou Adambi sur l’autel des calculs politiques.
Un enjeu de survie politique
Le BR joue gros à Parakou. Dans un contexte politique où la loyauté électorale devient de plus en plus volatile, la mésentente entre ses ténors pourrait se révéler fatale. La capacité du parti à gérer cette guerre froide interne, à réconcilier les ambitions et à capitaliser sur ses forces vives comme Adambi, déterminera son avenir non seulement dans le Borgou, mais aussi sur l’échiquier politique national.
Kérin A.