Pour le troisième jour consécutif, le Togo est le théâtre de manifestations de grande ampleur contre le régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis deux décennies. Si la capitale, Lomé, est restée globalement calme grâce à une forte présence policière, les rassemblements jugés « illégaux » par les autorités ont été violemment dispersés dès les premières échauffourées, notamment à Adidogomé, dans le nord de Lomé.
La mobilisation, initiée par des artistes et des influenceurs et largement relayée au sein de la jeunesse togolaise, a été confrontée à une répression d’une violence alarmante. Des témoignages poignants font état de découvertes macabres dans la lagune de Bè à Lomé, où trois corps tuméfiés ont été repêchés. Le premier a été retrouvé dans la soirée du vendredi 27 juin, et les deux autres dans la journée du samedi 28. Le père de l’une des victimes a livré un témoignage glaçant : « Hier nuit, quand le courant a été coupé, les forces de l’ordre ont poursuivi des jeunes jusqu’à la lagune. Parmi eux, mon fils de 16 ans qui vient d’avoir le BEPC et un autre dont les parents n’ont pas encore été retrouvés». Cette déclaration, rapportée par la presse locale, met en lumière la brutalité des interventions policières.
Au moins sept personnes ont été tuées et des « dizaines » blessées lors de manifestations à Lomé fin juin contre le pouvoir, ont déclaré dimanche des organisations de la société civile et de défense des droits humains à la presse. Dénonçant « les exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens » togolais, elles ont fait état de sept corps repêchés dans des cours d’eau de la capitale du Togo Elles ont également relevé « des dizaines de blessés » et « plus de soixante personnes » interpellées, lors de trois jours de manifestations de jeudi à samedi. Les autorités togolaises n’ont pas avancé de bilan officiel, mais une brigade de la gendarmerie a fait mention de deux morts « survenues par noyade ».