Les Camerounais en âge de voter iront aux urnes en octobre 2025 pour élire leur président de la République. Âgé de 92 ans et au pourvoir depuis 43 ans, le Pr2sident Paul Biya, n’a pas encore officialisé sa candidature. Mais son gouvernement se vide de plus en plus de ses ténors. Après la démission du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary et sa déclaration de candidature pour la prochaine élection présidentielle, c’est le tour d’un autre ministre d’annoncer les couleurs. Il s’agit de Bello Bouba Maïgari, président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et ministre d’État en charge du Tourisme et des Loisirs, de déclarer officiellement lui aussi ce samedi 28 juin 202 sa candidature pour le scrutin présidentiel d’octobre prochain.
« Nous avons toujours cru à la voie républicaine. Aujourd’hui, c’est avec responsabilité que j’annonce ma candidature à l’élection présidentielle. Le moment est venu d’agir, dans le respect des institutions et pour l’intérêt du peuple camerounais », a-t-il déclaré sous les acclamations de ses militants avant d’affirmer lors d’une conférence de presse à Yaoundé, à l’issue d’une réunion extraordinaire de son parti : « Après les délibérations et l’approbation du comité central, j’ai accepté d’être candidat à l’élection présidentielle ». Cette décision intervient alors que la pression des militants de l’UNDP, désireux de rompre avec « la mal-gouvernance », la « corruption » et les « injustices criantes », s’était intensifiée ces derniers mois. À 78 ans, cet ancien Premier ministre (1982-1983), longtemps considéré comme un allié stratégique de Paul Biya et ministre d’Etat depuis 20 ans, prend ses distances avec le président nonagénaire.
Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, tous deux originaires du nord du Cameroun, région qui représente environ 40 % du corps électoral, pourraient redessiner les équilibres politiques dans cette zone historiquement favorable au parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). L’annonce de ces candidatures pourrait fragmenter l’électorat septentrional et affaiblir l’assise du pouvoir, d’autant que Paul Biya, 92 ans, n’a pas encore confirmé s’il briguerait un nouveau mandat. À l’approche du scrutin, cette recomposition politique oblige à une relecture stratégique, aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition.
Rappelons que déjà candidat en 1992 Bello Bouba Maïgari s’était alors classé troisième derrière Paul Biya et l’opposant anglophone John Fru Ndi .Il avait ensuite rallié la majorité présidentielle en 1997. Depuis, il avait occupé plusieurs postes ministériels, tout en gardant un profil discret. Son retour en première ligne intervient dans un climat d’incertitude autour de la succession de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.Il rejoint une liste de plus en plus fournie de candidats déclarés, parmi lesquels figurent Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Joshua Osih (SDF) et Serge Espoir Matomba (PURS). Cette pluralité, combinée à la fragilité du consensus autour du RDPC, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire électorale du Cameroun, qui pourrait marquer la fin d’une ère.