« Préserver les langues africaines à l’ère du multilinguisme global: utopie ou nécessité?», c’est le thème de la communication présentée à l’Université d’Abomey-Calavi par Aimé Sègla Adjilé, enseignant-chercheur, dans le cadre de la Journée des langues étrangères. C’était le vendredi 30 mai 2025 à l’amphi Etisalat.
Au début de sa présentation, Aimé Adjilé Sègla a présenté le décor : « L’objectif à travers la communication, c’est surtout que vraiment les plus jeunes aient le message ». Et sans tarder, il replonge l’auditoire dans le contexte historique. L’enseignant à l’UAC s’est d’abord référé par exempleaux expériences de ce qui s’est passé sous la révolution de Mathieu Kérékouen parlant des « CESE » pour les enfants. « L’éveil des enfants et de ce qui s’est passé sous Yayi avec le ministre Gbègnonvi, qui était un succès dans les écoles où la première langue est devenue la langue maternelle selon les zones et la langue française est devenue la seconde langue », a-t-il affirmé avant d’expliquer que « les essais ont très bien montré que l’enfant était plus à l’aise et était plus au fait donc de la connaissance endogène et répondait même vraiment de façon enthousiaste ». Il a ajouté que « de meilleurs résultats étaient parmi eux et pas dans les classes où le français était maintenu comme première langue » et tiré la conclusion que : « Quand on se réfère à ces expériences, il faut vraiment réintroduire les langues nationales et la langue maternelle dans l’éducation et dans l’administration complètement, comme le Japon l’a fait, comme la Chine l’a fait ».
Dr Aimé Sègla va insister sur l’universalité de son postulat. Exemple pris du succès du Japon sur l’époque Meiji, de la Chine post-Mao et même de l’Occident lui-même qui a pu créer des langues scientifiques à partir de la tradition folklorique. Il a par la suite proposé des solutions notamment en ce qui concerne le Bénin. Dans sa deuxième solution, le Professeur Sègla souhaite une nation sociologiquement homogène . Selon lui, « au lieu de créer un Etat-nation où on a effectivement un enchevêtrement des peuples, il vaut mieux alors aller à la confédération des peuples où on peut parler par exemple du pays fon, du pays Yoruba, du pays Fufulbé, du pays Bartonou parce que les limites sont là » .Et là, affirme-t-il, « on verra effectivement des entités sociologiquement homogènes où par exemple, un journal sort le matin en Yoruba dans le pays Yoruba. Le même journal sort effectivement en fon dans le pays fon, l’administration aussi et dans chaque entité… Ça fait plus d’émulation pour le développement ».
Troisième solution : «C’est effectivement utiliser la technologie, comme Cheikh Anta Diop l’a dit, et s’armer vraiment jusqu’aux dents de technologie et nous saisissons effectivement l’avènement des technologies de l’information pour l’utiliser pour les traductions automatiques », a-t-il laissé entendre. Pour les traductions par exemple des téléphones ou des portables, on peut, selon lui, « les traduire automatiquement pour que les gens qui ne parlent pas le français, les femmes qui sont au village, qu’ils aient sur l’écran la traduction automatique de tout ce qu’ils reçoivent comme items sur l’écran directement notamment la traduction, le texte y compris en sonore ».
Pour Dr Aimé Sègla, « ils apprennent effectivement les éléments micro de l’alphabet, donc de cette langue-là, en même temps les éléments macro. En fait, ça accélère effectivement. Et donc du coup, ils seront intégrés au système effectivement de l’économie du pays ».Il se désole que «pour l’instant, ils sont à l’écart et ce n’est pas normal ».Il a par ailleurs rendu un hommage à l’écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o décédé le mercredi 28 mai 2025 à l’âge de à 87 ans.
