Il y a quelques jours, le ministre des affaires étrangères du Togo a révélé sur la chaine de télévision VOX AFRICA que son pays pourrait rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES) composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso mais que la décision appartiendrait au parlement togolais et au président Faure Gnassingbé. Reçu ce mardi 21 janvier 2025 sur RFI, l’ancien ministre des affaires étrangères du Bénin et ancien président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo a dévoilé les réelles intentions des autorités togolaises si elles veulent franchir le rubicond en intégrant l’AES.
“Pour le moment, étant donné que le port de Cotonou est fermé au commerce avec le Niger, le port de Lomé sert de solutions de rechange. De ce point de vue, il y a un intérêt économique et peut-être même politique pour le Togo d’intégrer l’AES puisqu’au niveau de la CEDEAO, il y a des convergences politiques mettant l’accent sur la démocratie, convergences acceptées par la plupart des pays anglophones, quelques pays francophones” a déclaré le professeur Théodore Holo. L ‘ancien président de la Cour constitutionnelle a expliqué que “le Togo ne faisant pas partie”, il pense que “la souveraineté qui se manifeste dans les pays de l’AES se fondent sur leur refus en réalité de ces convergences politiques”. Ce qui veut dire, affirme -t-il, “qu’il y un intérêt économique et aussi un intérêt politique que le Togo intègre l’AES”. Le professeur a précisé qu ‘”on attend la décision du président Faure comme l’a rappelé” son ministre des affaires étrangères.
L’ancien ministre des affaires étrangères du Bénin a révélé que “beaucoup de ces États, tout en rejetant la présence militaire française, initie une coopération militaire avec d’autres pays tels que la Russie”. Il a déclaré à qui veut l’entendre que “la souveraineté, c’est de défendre ses intérêts”. Il a signifié qu’”au niveau de la CEDEAO, il y a cette défense des intérêts avec la création de l’ECO” et que “c’était les pays francophones qui essayaient de bloquer le processus qui doit reprendre en 2027″. “C’est un prétexte en réalité de dire que c’est des États qui se veulent être souverainistes. Il y a d’autres pays qui sont aussi souverainistes mais qui sont toujours au niveau de la CEDEAO” a-t-il signifié. Par rapport à ceux qui pensent que la CEDEAO est instrumentalisée par la France et qu’il n’y a pas de vraie souveraineté au sein de la communauté sous régionale, Théodore Holo ne pense pas que “le Nigeria ou le Ghana peut être considéré comme des laqués de la France”. “ Être souverain, c’est prendre les décisions qui s’imposent en tenant compte des intérêts de son pays et non pas des intérêts de la classe gouvernante” a-t-il fait savoir. Il a souligné qu’il ne pense pas que “la France, à elle seule, puisse imposer son point de vue”. Pour lui, “c ‘est peut-être un argument très facile pour justifier certaines positions”.
Les raisons
L’une des raisons qui sous-tendent cette position du Togo est entre autres la limitation des mandats. “L a limitation des mandats est un élément de convergence au niveau de la CEDEAO qui fait blocage parce qu’il y a des pays comme le Togo, s’était opposé à cette limitation des mandats. Quand on vient me dire que la Cedeao est instrumentalisée par la France, je trouve que c’est un argument très facile qu’on ne peut pas accepter” a lâché l’ancien président de la Cour constitutionnelle. Selon lui, certaines exigences du point de vue de la démocratie, de l’alternance et de la limitation des mandats sont, dit-il, les raisons réelles “de ce refus que des pays comme le Mal, le Niger et le Burkina Faso” de se retirer aujourd’hui de la communauté. Au sujet de la convergence, du point de vue idéologique entre les 3 pays de l’AES et le Togo, le professeur Holo a affirmé que c’est une évidence de son point de vue si on tient compte de ce qu’aujourd’hui “dans ces pays nous avons des régimes où l’alternance n’est pas encore une évidence”. “Donc il y a cet élément de convergence idéologique qui peut expliquer cette proximité. Il y a les intérêts économiques parce que le Togo aussi, en tant que État souverain, défend aussi ses intérêts” a-t-il laissé entendre.