L’année écoulée a plongé Haïti dans une crise humanitaire sans précédent. Cette crise engendrée par la montée des gangs armés fragilise de plus le peuple haïtien et provoque un flux de déplacés très considérable.
Selon un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus d’un million de personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du pays, un chiffre qui a triplé en un an. En Haïti , plus de 50 % sont des enfants, particulièrement vulnérables face à la violence et à l’insécurité croissantes. Les gangs armés, désormais maîtres de 85 % de la capitale Port-au-Prince et de plusieurs autres régions, sont à l’origine de cette instabilité. Leur influence a entraîné l’effondrement des services publics essentiels, notamment la santé et l’éducation. En 2024, plus de 5 600 personnes ont perdu la vie dans des violences liées aux gangs, tandis que les enlèvements et tortures se multiplient.
Ces groupes armés recrutent aussi massivement des enfants, certains dès l’âge de 10 ans. Ils constituent près de 30 % des membres des gangs, exposés à des abus physiques, psychologiques et, pour les filles, à des violences sexuelles.
La violence a également paralysé l’économie haïtienne. Les activités commerciales sont en déclin, aggravant une récession qui perdure depuis 2019. En 2023, l’inflation a atteint un niveau record de 44,2 %, réduisant davantage le pouvoir d’achat des familles et exacerbant la pauvreté.
L’urgence d’une réponse internationale
Face à ce tableau alarmant, l’OIM appelle à une action internationale concertée. Des efforts immédiats sont nécessaires pour fournir une aide humanitaire d’urgence, tout en s’attaquant aux racines de cette crise: renforcer les institutions étatiques, restaurer l’État de droit et offrir des perspectives d’avenir aux populations affectées.
Cette crise, reflet de l’effondrement systémique d’Haïti, requiert une mobilisation mondiale pour empêcher une catastrophe humanitaire encore plus grave.
Ezéchiel Dagbégnon Padonou