De 2009 à 2021, l’Etat béninois s’est investi à former des aides-soignants qui, au finish, n’ont jamais été employés malgré le besoin dans les centres de santé. Un paradoxe puisque ces centres de santé manquent cruellement de personnel qui souffrent de personnel qualifié. Tout comme les matériels de travail, le personnel soignant fait défaut dans la grande majorité des hôpitaux publics mais environ 3.000 béninois bien formés sont au chômage.
Selon le Syndicat des aides-soignants diplômés d’Etat (SASDE), L’Etat béninois n’a jamais organisé un concours de recrutement au profit de cette catégorie d’agents de santé. Pourtant, ils sont issus de 11 promotions tous formés entre 2009 et 2021 par l’Etat béninois, dans la seule école notamment L’École de Formation Médico-Sociale de Parakou ( EFMS/Parakou). Bientôt 15 ans donc que ces aides-soignants sont formés aux frais du contribuable pour sauver le système sanitaire béninois dont le besoin en personnel qualifié criard.
De niveau BEPC +3, les aides-soignants concernés ont été donc formés pendant 3 ans et chacun a déboursé chaque année 150.000 FCFA pour les externes et 360.000 FCFA pour les internes. Des investissements qui, avec bien évidemment les appuis de l’État, n’ont rapporté que le chômage aux agents pourtant destinés à servir le pays dans les hôpitaux. Selon le Secrétaire général du Syndicat des aides-Soignants et Diplômés d’État, Eugène Assogba, les 3.000 aides-soignants auraient, à en croire le gouvernement, un niveau supérieur à celui que devrait avoir un aide-soignant. Conséquence, l’Etat ne saurait pas dans quelle catégorie d’agents les classer pour un éventuel recrutement. Un argument que le secrétaire général du syndicat prend plutôt comme une échappatoire à laquelle le gouvernement du président Patrice Talon s’est accroché depuis des années pour ne pas employer les aides-soignants formés.
D’ailleurs, ces aides-soignants admis dans cette école de formation dans le cadre du recrutement de jeunes professionnels sur le financement du projet dénommé « combler les écarts », ont décelé le gros piège dans le cahier de charges du poste d’aide-soignant, et dénonce depuis lors l’arnaque au sommet de l’Etat. Mais malheureusement, personne n’a d’oreille pour les écouter. Ils crient au secours et rappellent aux autorités la misère des 3.000 chômeurs. Leurs conditions de vie deviennent de plus en plus exécrables. Plusieurs parmi eux ont quitté le pays pour se chercher ailleurs. D’autres sont très malades. Il y en a qui sont morts par désespoir et sous le coup de la galère. Bon nombre d’entre eux ne pourront plus postuler à un concours d’entrée à la fonction publique pour raison d’âge. « La santé est une priorité pour le peuple. Nous sommes un pilier de la chaîne sanitaire au Bénin», clame le Secrétaire général du Syndicat des aides-soignants et diplômés d’État, Eugène Assogba qui appelle le gouvernement au secours de ses camarades plongés dans une situation qu’ils n’ont jamais imaginé en consacrant trois années de leur vie aux études pour devenir aides-soignants.
L’État n’aurait-il pas les moyens financiers pour employer ces agents ou les hôpitaux béninois n’ont pas besoin de leurs services ? Le manque de personnel soignant a-t-il déjà été résolu dans les centres de santé béninois ? Pourquoi avoir formé autant d’agents pendant des années sans aucune politique devant garantir leur employabilité ?
Une chose est certaine, ces milliers d’aides-soignants broient le noir et n’attendent que le secours de l’État béninois pour retrouver l’espoir perdu depuis des années.
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