Le mandat d’arrêt émis récemment par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, et de Yoav Gallant, ministre de la Défense, suscite des réactions inattendues. Alors que beaucoup doutaient de l’impact concret de cette décision, plusieurs pays ont déjà fait savoir qu’ils appliqueraient ce mandat en cas de visite de Netanyahou sur leur territoire.
La France, le Canada et l’Italie seraient prêts à mettre en application le mandat d’arrêt de la CPI émis contre Netanyahou et Gallant. En France, Nathalie Loiseau, l’eurodéputée française a rappelé que la France serait tenue de respecter ses obligations internationales si Netanyahou venait à y mettre les pieds. « La France est partie au statut de la Cour pénale internationale. Elle a des obligations » a rappelé l’eurodéputée française le vendredi 22 novembre sur franceinfo.
Au Canada, le Premier ministre, Justin Trudeau, a quant à lui adopté une position ferme, affirmant que son pays respecterait scrupuleusement les décisions de la CPI. « Le Canada est l’un des pays fondateurs de nos systèmes de droit international et on va toujours suivre les décisions et les règlements de ces instances », a t’il déclaré pour réitéré l’engagement du Canada à suivre les normes internationales humanitaires.
À l’instar de Trudeau, Guido Crosetto, ministre italien de la Défense, a confirmé que Rome n’hésiterait pas à procéder à l’arrestation des deux hommes si ceux-ci se rendaient en Italie.
Ces annonces, qui tranchent avec le soutien souvent indéfectible de nombreux pays occidentaux à Israël, montrent un virage notable dans le respect des normes internationales, notamment concernant les droits de l’homme. L’étau juridique et diplomatique semble donc se refermer progressivement autour de Netanyahou, limitant de plus en plus ses marges de manœuvre internationales.
Pourquoi Netanyahou est pointé du doigt ?
Ce n’est plus un secret de polichinelle, si Benjamin Netanyahou est aujourd’hui dans la ligne de mire de la CPI, c’est avant tout en raison des violations massives des droits de l’homme dont son gouvernement est accusé, particulièrement depuis l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 de Hamas sur Israël. Cette date marque une nouvelle escalade dans le conflit israélo-palestinien, avec une intensification des bombardements sur Gaza qui ont causé des milliers de morts, en majorité des civils, et une destruction massive des infrastructures. Non seulement au Gaza, la guerre a pris une autre tournure au Liban avec des dégâts énormes sur une population déjà fragilisée par la pauvreté. Selon l’ONU, 80 % des libanais vivent sous le seuil de pauvreté en 2023.
Ces actes, qualifiés de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » par des experts du droit humanitaire et les organisations internationales, s’inscrivent dans une politique israélienne de répression disproportionnée qui bafoue le droit international humanitaire. Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, sont accusés d’avoir ordonné des attaques indiscriminées sur des zones densément peuplées composées en majorité de femmes et d’enfants, ignorant délibérément les appels au cessez-le-feu et les principes fondamentaux du droit des conflits armés.
Par ailleurs, les déplacements forcés de population et les blocages humanitaires imposés sur Gaza renforcent les accusations portées contre eux, laissant peu de doute sur leur responsabilité dans la crise humanitaire qui secoue actuellement la région.
Ezéchiel D. Padonou