Suite à la création et l’installation par décret présidentiel du 17 janvier 2024 d’un comité éditorial à la tête de la SRTB, les différentes informations diffusées désormais par ce média public sont contrôlées. C’est le constat fait par Reporter Sans Frontières (RSF) qui dénonce une ingérence inédite, portant atteinte à l’indépendance éditoriale des médias du service public au Bénin.
Toutes les informations diffusées par la Société de Radio et de Télévision du Bénin (SRTB) sont désormais contrôlées par un comité éditorial composé de membres issus de la présidence et de trois ministères depuis janvier 2024. Ce constat a été fait par Reporter Sans Frontières qui estime que la presse béninoise n’est plus libre. En effet, selon les investigations de ce média, les reportages pour le journal télévisé sont envoyés à ce comité pour validation et parfois, d’autres sujets sont écartés. Ce qui veut dire que le comité installé depuis janvier 2024 a un droit de contrôle sur l’information diffusée par la télévision publique. C’est ce que confirme un employé de la Société de radio et de télévision du Bénin (SRTB) qui a requis l’anonymat. “Tous les reportages à diffuser au journal télévisé de 20 heures sont systématiquement et quotidiennement envoyés au palais de la République pour visionnage et validation. Certains sujets peuvent être écartés” a déclaré l’employé du service public.
Il faut reconnaître que ce comité éditorial composé uniquement de membres du gouvernement et de la Présidence manque d’une indépendance et de concertation. N’ayant aucun représentant des différentes chaînes, l’intégrité éditoriale de la télévision nationale est donc remise en cause. C’est ce que confirme Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF en faisant une demande au gouvernement béninois. « Après l’envoi de notes de cadrage pour imposer la couverture d’activités gouvernementales, après les pressions économiques sur les journalistes et les patrons de presse, les autorités béninoises franchissent un nouveau cap en imposant cette ingérence éditoriale directe, inédite et anachronique, aux équipes de la télévision publique. Nous demandons aux autorités de revoir la composition et les pouvoirs de ce comité éditorial. Transformée en média d’État, la télévision publique ne saurait offrir aux Béninois une couverture plurielle à même de les informer avec fiabilité et honnêteté des sujets d’intérêt général » a-t-il fait savoir.
Il urge de souligner que le comité éditorial est présidé par l’ancien journaliste et actuel secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji. Il est composé de : Sinatou Saka, ancienne journaliste et représentante de la Présidence ; René Talon, en poste à la direction de la Communication de la Présidence et représentant de la Présidence ; Marc Layiwola ; William Codjo et Victor Soumon Lawin, représentants respectivement des ministères du Numérique et de la Digitalisation, du Tourisme, de la Culture et des Arts, et des Sports. Il faut remonter à la période révolutionnaire pour trouver une telle forme de caporalisation des médias publics au Bénin
Gildas AHOGNI
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