Le dimanche 20 Octobre 2024, le porte parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji a fait savoir au cours de l’émission « grand format » de Bip Radio, que les exilés politiques peuvent revenir dans leur pays. « On va les accueillir les bras ouvert », a-t-il promis, rapporte le site d’information Banouto. Le Secrétaire général adjoint du gouvernement, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a même laissé entendre que Sébastien Ajavon, Komi Koutché, Valentin Djènontin, Léhady Soglo et cie peuvent revenir au Bénin sans crainte et qu’ils iraient les accueillir à l’aéroport. Est-il vraiment sérieux ou amuse-t-il la galerie ? Soit Wilfried Léandre Houngbédji méconnait les procédures en la matière, soit il tend un piège dans lequel personne d’autre en dehors de lui-même ne peut tomber, soit il fait preuve d’une malhonnêteté intellectuelle qui ne dit pas son nom.
En effet, la plupart des exilés à qui le porte parole du gouvernement demande de rentrer sont condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans dans des dossiers que les intéressés continuent de clamer leur innocence. S’ils ont quitté leur pays, c’est justement pour éviter le sort des détenus politiques tels que Joel Aïvo, Reckya Madougou et cie qui vivent le martyr dans les cellules de la prison civile d’Akpro-Missérété depuis plusieurs années. Demander dans cette condition aux exilés de revenir au pays ne relève-t-il pas d’un délit ? Wilfried Léandre Houngbédji ne remet-il pas ainsi la corde aux exilés pour se pendre sur l’autel de la ruse et de la rage ?
Les béninois se rappellent encore comme si c’était hier les événements qui ont précédé le retour à Cotonou de l’homme d’affaire Patrice Talon, le jeudi 8 octobre 2015, après plusieurs mois d’exil. Il avait été accusé de tentative d’empoisonnement et de coup d’État en 2012, contre le président Boni Yayi. Avant son retour au bercail, puisque recherché par la justice béninoise, le président Boni Yayi l’a gracié ainsi que tous les complices dans l’affaire, à l’occasion d’une intervention télévisée dans la soirée du mercredi 14 mai 2014. Boni Yayi a, par la même occasion, demandé au système judiciaire de sss« rendre la liberté à tous les détenus et garantir à tous la liberté de circulation aussi bien au Bénin que dans le reste du monde ». Wilfried Léandre Houngbédji ne devrait pas oublier cette page de l’histoire que son patron, le président Patrice Talon, refuse d’écrire malgré les démarches de l’opposition béninoise et surtout les négociations et supplications de celui qui l’avait pourtant pardonné pour des péchés pires que ceux reprochés à Valentin Djènontin, Léhady Soglo, Sébastien Adjavon et Komi Koutché.
Par un décret, le président de la République peut gracier tous ces exilés et leur permettre de rentrer chez eux et participer à la construction de leur pays. Wilfried Léandre Houngbédji sait bien que ce décret est loin d’être acté. Pourtant il s’exerce à inviter les victimes de la ruse et de la rage à revenir se jeter dans les bras de leur pourfendeur qui malheureusement n’a pas démordu. Depuis mars 2023, l’opposition parlementaire animée par les 28 députés du parti Les Démocrates a proposé une loi d’amnistie au profit des exilés et détenus politiques sans que celà ait un écho favorable chez les 81 députés de la mouvance parlementaire constituée par les partis Up-r et Br. En Novembre 2023, le président Patrice Talon, pendant qu’il recevait des membres de l’opposition conduits par Boni Yayi, s’était clairement opposé à une quelconque idée de pardon à accorder aux détenus politiques en l’occurrence au ministre Reckya Madougou. « Le pardon peut être une faute. », a-t-il affirmé ce jour là.
Que fait le gouvernement dont Wilfried Léandre Houngbédji porte la parole pour faciliter le retour de ces exilés ? De quoi se défend donc le secrétaire général adjoint du gouvernement Talon ou pourquoi provoque-t-il les béninois qui souffrent déjà le martyr à cause des conditions très difficiles dues à la cherté de la vie ? Porte-t-il ainsi la voix agonisante de son régime en perdition à moins de deux ans de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du chantre de la rupture ? Ce sont là, des questions dont les réponses devraient recadrer les élucubrations du porte parole dont les sorties embrouillent plus qu’elles n’éclairent l’opinion sur les actions et décisions du gouvernement. Si cet appel aux exilés est une manière pour le régime d’esquisser les pas d’un éventuel changement de position sur la situation des exilés et détenus politiques, Wilfried s’est est vraiment très mal pris car, cette sortie expose plutôt sa méconnaissance de la procédure, la méchanceté d’un gouvernement qui veut abattre ses administrés exilés par la ruse et surtout le manque de respect pour les béninois qui connaissent toute l’histoire du Bénin, au moins depuis 2012 où ils ont vécus l’affaire tentative d’empoisonnement et de coup d’État.