Steve Amoussou, alias Frère Hounvi a été déposé en prison ce mardi après avoir été présenté au procureur de la CRIET. Il venait ainsi de rallonger la liste des détenus politiques qui croupissent dans les prisons du Bénin. Comme tous les autres opposants , l’opposition béninoise n’a pu rien faire pour lui éviter ce sort douloureux de prisonnier.
Depuis 2016, le chef de l’Etat béninois, le Président Talon est seul maitre à bord en matière de gestion des affaires publiques. En 2023 à l’occasion des élections législatives du 8 janvier, une lueur d’espoir s’est pointée à l’horizon avec l’arrivée à l’Assemblée Nationale de 28 députés de la plus grande formation politique de l’opposition béninoise sous l’ère Talon. Mais avec les 28 députés démocrates au parlement, des voix ont commencé par se faire entendre dénonçant surtout la gouvernance du Président Patrice Talon. Mais cette lutte se ressent plus dans les médias et surtout sur les réseaux sociaux sans pour autant inquiéter Patrice Talon et son gouvernement qui avancent lentement et sûrement.
Depuis 2023, l’opposition béninoise n’a fait que multiplier les conférences de presse, les déclarations, de géants meetings, des émissions radios et télé, mais aucune de ses actions n’a pu amener le président Patrice Talon à libérer les prisonniers politiques et faire rentrer les exilés au pays. Le ministre Réckya Madougou, le professeur Joel Aïvo et les autres détenus ont certainement compris qu’ils ne pouvaient plus compter sur cette opposition pour leur redonner la liberté. Cette stratégie de lutte qu’utilise l’opposition est à tout point de vue devenue caduque puisqu’elle n’inquiète pas et n’a d’ailleurs jamais inquiété Patrice Talon, sauf presque dans le dossier Soja.
N’est-il donc pas temps pour l’opposition béninoise et surtout le parti Les démocrates de changer de fusil d’épaule dans ce combat qu’elle a visiblement perdu ? Minoritaire et sans grand moyen, l’opposition doit au moins se doter d’une bonne pour mener sa lutte contre une rupture qui dispose de tout ? Une chose est certaine, cette manière de fonctionner de l’opposition béninoise ne fait pas le poids devant le régime Talon qui a, malgré son impopularité, le vent en poupe à moins de deux ans des élections générales de 2026. Le code électoral exclusif et crisogène promulgué le 15 mars 2024 semble être avalé par l’opposition. Pourtant, cette opposition n’a aucune chance de participer en moins encore de gagner les prochaines élections avec ce code dont la relecture réclamée ne bénéficie plus d’aucune attention d’elle.
Sans méthode, sans stratégie évidente et sans moyens sérieux de pression sur le président béninois, l’opposition avec sa méthode de lutte prend l’eau et risque de disparaitre après 2026 sans pouvoir faire libérer ni Madougou, ni Aïvo ni Hounvi et encore moins obtenir le retour des exilés politiques au pays.
Norbert Adjakoun