Le vendredi 17 juin 2018 vers dix-huit heures alors que je suis sur le point de finir ma permanence, que je vis entrer une jeune dame d’une trentaine d’années dans la salle de consultation des urgences. Enveloppée de deux pagnes, un foulard attaché jusqu’aux oreilles, grelotante et à peine soutenant la parole, la femme se présente devant moi. Derrière elle, un homme mince avec un regard fiché me tend un lot de carnets. Il déclare ceci, ma femme a simplement froid et un peu de fièvre. Et voilà qu’on me réfère dans ce centre s’interroge-t-il ? Je prends le carnet et j’ouvre ce dernier. A la première page, j’ai vu et lu une densité parasitaire élevée à 3000 et une hémoglobine à 6 g/dl. Je l’examine rapidement et je la présente à mes supérieures hiérarchiques. La température s’élève à 39°C. La tension artérielle est à 12/7, le pouls très élevé et la fréquence respiratoire comprise entre 22 à 30 cycles /minutes. Je diagnostique un paludisme grave sur grossesse. Je lui ai expliqué la situation du tableau dressé devant moi et je prends congés de mes hôtes.
Qu’est-ce que le paludisme ?
Le paludisme est une maladie fébrile aigue causée par le parasite plasmodium. Il se transmet aux êtres humains par les piqures de moustiques femelles appelés anophèles femelles infectées.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le paludisme est une maladie provoquée par des genres plasmodium. Cette maladie a touché environ 241 millions de personnes dans le monde en 2020 et a causé 627000 décès.
Symptômes ou signes cliniques du paludisme
La fièvre, la diarrhée, les maux de tête, la sueur ou le frisson, les nausées, les vomissements, les douleurs musculaires, la courbature, les maux de ventre, l’hypoglycémie, les œdèmes pulmonaires, les problèmes obstétricaux, les infections concomitantes sont certains signes observés chez les femmes enceintes.
Conséquences et facteurs du paludisme chez la femme enceinte
Le paludisme provoque le décès de la mère, une anémie, une insuffisance pondérale à la naissance, un avortement spontané, une mortinatalité, un accouchement prématuré, l’accouchement de bébé avec de faible poids à la naissance et la mort. Les femmes sont à leur première grossesse sont les plus à risque.
Certains facteurs favorisent le paludisme notamment la température annuelle (variation de la température au cours de l’année), la densité de la végétation (les forêts denses classiques), le pourcentage d’argile dans le sol (le type de sol à un impact sur la prévalence du paludisme en raccourcissant ou en prolongeant la durée de vie des reproductions des moustiques) et la quantité totale de précipitation (pluie) et le paludisme infectieux potentiellement mortel. Précisons qu’une densité de végétation plus élevée a une transmission plus faible du paludisme. Il est utile de souligner que le paludisme peut être transmis par le placenta et il peut affecter le fœtus dans l’utérus.
Conseils et traitements
– Dormir sous moustiquaires imprégnés à durée action,
– Détruire les flaques d’eau qui sont les facteurs de proliférations des moustiques
– Avoir recours à un traitement intermittent[U1] à raison d’une prise de médicaments à chaque consultation prénatale
– Eviter de se promener à la tombée de la nuit
– Eviter l’usage des répulsifs cutanés (la peau) concentrés, trop toxiques pendant la grossesse
– Les sujets sains ne doivent pas aller dans les zones endémiques. Ils peuvent se faire vacciner.
Le diagnostic et le traitement précoces du paludisme réduisent l’intensité de la maladie et permettent d’éviter que l’affection ne devienne mortelle. Lorsqu’il y a l’apparition de n’importe quels signes cliniques, la femme enceinte doit se rendre immédiatement à l’hôpital pour une meilleure prise en charge par un agent de santé assermenté.
Eve Mireille AFFANOU
Sage-femme diplômée d’Etat/Echographiste
Déléguée du personnel du CHU-MEL