L’indignation suscitée par le mort du jeune Latifou Radji ne semble pas s’estomper. Quelques jours après ce décès qui a attristé tout le pays, Omar Arouna, ancien ambassadeur du Bénin près les Etats Unis revient à la charge et qualifie cette mort de « crime contre l’humanité », accusant au passage Patrice Talon d’en être responsable.
Latifou, arrêté en 2019 sans jugement, a passé près de quatre ans derrière les barreaux avant de succomber à une maladie, conséquence directe du refus de soins médicaux par ses geôliers.
Ce drame est une illustration flagrante des abus graves et des violations des droits humains sous le régime de Patrice Talon, président du Bénin. Il est impératif de dénoncer ce crime contre l’humanité et de rappeler que le chef de l’État en est le principal responsable.
Latifou Radji, natif de Savè, n’avait commis aucun crime autre que celui de réclamer justice et démocratie dans son pays. Arrêté lors des manifestations électorales de 2019, il fait partie des nombreux prisonniers politiques enfermés sans procès ni preuves tangibles. Il est le 79ème détenu sur une liste de 89, comme le révèle un rapport que j’ai commandité il y a plus d’un an.
Ce rapport souligne que 90% des prisonniers politiques au Bénin proviennent du nord du pays, une région pour laquelle Patrice Talon semble nourrir un dédain particulier.
Les conditions de détention des prisonniers politiques au Bénin sont effroyables. Privés de soins médicaux adéquats, ces détenus sont souvent laissés à leur sort, risquant de mourir dans l’oubli et la douleur. La mort de Latifou Radji en est un triste exemple.
Malgré des signes évidents de détérioration de sa santé, les autorités pénitentiaires ont refusé de lui fournir les soins nécessaires, le condamnant ainsi à une mort lente et atroce.
Depuis 2018, le Bénin a connu plusieurs vagues d’arrestations politiques, principalement lors des périodes électorales. Des centaines de personnes ont été arrêtées sous des accusations fabriquées, souvent liées au terrorisme, pour légitimer leur détention. Ces arrestations massives visent principalement les opposants politiques et les militants des droits de l’homme, créant un climat de peur et de répression.
Si Patrice Talon est le principal responsable de ce système répressif, il ne doit pas être le seul à être accusé. Tous ceux qui participent et soutiennent ce régime, y compris la pseudo-opposition qui confère une légitimité à ce pouvoir dictatorial, portent également une part de responsabilité. En tolérant ces abus, le peuple béninois, souvent réputé pour son pacifisme, doit aussi prendre conscience de son rôle dans la perpétuation de ce système oppressif.
La mort de Latifou Radji ne doit pas rester sans suite. Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions de détention des prisonniers politiques au Bénin et de mettre fin à ces pratiques inhumaines. Une enquête impartiale doit être ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de son décès et traduire en justice les responsables de ce crime contre l’humanité.
La mort de Latifou Radji est une tragédie qui illustre les dérives autoritaires du régime de Patrice Talon. Il est temps de dénoncer ces abus et de lutter pour la liberté et la justice au Bénin. Le silence et l’inaction ne sont plus des options ; il en va de l’avenir de la démocratie et des droits humains dans notre pays.
Ambassadeur Omar Arouna, MBA