L’actualité de ces derniers n’a pas manqué de vous fournir un éventail de sujets aussi croustillants les uns que les autres. L’un d’eux nous renvoie à une thématique politique connue : la préférence nationale ou la priorité nationale. C’est un concept politique selon lequel les citoyens d’un pays devraient être privilégiés par rapport aux étrangers dans différents domaines. On cite souvent les domaines de l’emploi, des responsabilités stratégiques de l’appareil d’Etat et de la gestion de certains névralgiques de l’économie. Prisé par les personnalités politiques de l’extrême droite comme le Rassemblement National en France, la préférence nationale a fortement influencé la dernière loi sur l’immigration en France avec des dispositions qui accordent des privilèges assez particuliers et importants aux français de souche au détriment des immigrés.
Au Bénin, disais-je, c’est l’actualité de la tournée gouvernementale qui relance et ceci de fort belle manière le débat sur la préférence nationale. A Abomey, Michel Loukou connu sous le nom de Alèkpehanhou, artiste musicien traditionnel et chef d’arrondissement de Sèhoun, jette un pavé dans la marre du gouvernement. Il interpelle la délégation en face de lui, sur le privilège accordé à des musiciens étrangers lors des Vodun days. Il dit ne pas comprendre pourquoi on appelle des musiciens étrangers pour animer des concerts et on laisse ceux du pays sur les carreaux. Cette pratique est courante au Bénin depuis que Patrice Talon a pris le pouvoir. On a vu les grandes sociétés de l’Etat tombées une à une dans les mains des expatriés. Ainsi, le port Autonome de Cotonou pour les Belges, la SBEE pour les canadiens, les rwandais à la tête de l’Agence National de l’Identification Personnelle(ANIP).
De même, grâce à la loi sur les collaborateurs extérieurs, beaucoup de cadres extérieurs sont recrutés et travaillent dans les agences et projets du gouvernement au détriment. Idem dans les projets de construction d’infrastructures où les entreprises étrangères ont pion sur rue. Pendant ce temps, les Béninois sont dehors. Toutes ces compétences étrangères ont été priorisées au détriment de celles nationales contraintes au chômage et à l’exode. A un moment où la plupart des pays semblent de plus en plus préoccupés par l’idée de nationaliser certains secteurs clés de leurs économies et de garder dans leur giron des savoir-faire endogènes, le Bénin lui choisit de saborder son « égo nationaliste ». Alors qu’au Burkina, en France, au Gabon et dans d’autres pays, on garantie les meilleurs emplois et les domaines porteurs de l’économie aux nationaux, le Bénin lui décide de livrer le pays aux prédateurs de tous les alois. Tout ceci est la conséquence directe de la vision du concept de « désert de compétence » prônée depuis 2017. Ce faisant, le Bénin brade son identité, sa fierté et surtout s’égare dans le concert des nations. « Il y a deux manières de se perdre : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans « l’universel », avait dit Aimé Césaire dans la lettre à Maurice Thorez. On a semblé opter par cette dilution béate dans l’universel.