Le dernier naufrage d’un bateau d’immigrés africains dont des Béninois aux larges de la Tunisie et la réaction subséquente du gouvernement béninois continue de susciter des réactions. La dernière en date est celle de Sosthène Tochéhou Adéossi. Dans une démarche analytique, il explique les causes profondes du phénomène, les conditions et présente les réponses internationales qui, hélas, ne marchent guère. Il propose enfin « ses »solutions, des solutions holistiques qui tiennent compte des situations dans les pays d’origine des migrants et des mécanismes d’immigration au plan international
La tragédie des immigrants africains qui périssent en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe est un problème complexe et déchirant. J’ai a appris avec consternation dans la semaine de 15 mai 2024 le drame survenu en Tunisie de nos compatriotes béninois et d’autres Africains au cours d’un voyage clandestin de la méditerranée.Je présente d’abord mes sincères condoléances aux familles et proches des victimes de ce drame de trop ayant occasionné plusieurs décès africains et aussi de Béninois reconnus par les Autorités de notre pays.
Je trouve malheureusement irresponsable, ridicule et hypocrites la réaction du Gouvernement de Talon dont les priorités n’ont jamais été sérieusement l’intérêt général et le bien-être des Béninois. Cette situation met en lumière des défis humanitaires, économiques et politiques profonds. Voici mon analyse des divers aspects de cette crise.
1. Les causes profondes de l’émigration
Les raisons pour lesquelles de nombreux Africains, surtout nos compatriotes depuis quelques années entreprennent cepérilleux voyage incluent :
Pauvreté et manque d’opportunités économiques : Dans plusieurs pays africains, les perspectives d’emploi et de développement économique sont extrêmement limitées.
Conflits et mal gouvernance politique :la violence, l’injustice et la situation politique, des arrestations arbitraires forcent de nombreuxBéninois à fuir de plus en plus le pays au péril de leur vie.
Changements climatiques : La désertification, les sécheresses et d’autres effets du changement climatique rendent certaines régions inhabitables et impraticables pour l’agriculture.
Rêve d’une vie meilleure en Europe : La perception d’une vie meilleure et plus sûre en Europe pousse de nombreux Africains à tenter leur chance, souvent en dépit des risques.
2. Les dangers du voyage
Les migrants qui traversent la Méditerranée sont confrontés à de nombreux dangers.
Trafic humain : De nombreux migrants tombent entre les mains de trafiquants qui les exploitent.
Conditions de voyage dangereuses : Les bateaux utilisés sont souvent surchargés et non adaptés à la haute mer, augmentant les risques de naufrage.
Violations des droits humains : En route, les migrants peuvent subir des abus, des violences, et des conditions de détention inhumaines.
3. L’indifférence des gouvernements africains
L’attitude des gouvernements des pays d’origine des migrants est souvent perçue comme indifférente, voire complice :
Manque de protection et de soutien : Les migrants ne reçoivent souvent aucun soutien de leur gouvernement,même après leur retour (pour ceux qui survivent). Je note depuis des années cette crise qui engendre des drames humains et qui faitrégulièrement la Une des journaux laisse indifférente nos organisations régionales et l’Union Africaine. Alors que de l’autre côté de la Méditerranée, L’Union Européenne se bat comme un diable pour stopper ces immigrants non désirés.
Corruption et complicité : Il y a des accusations de corruption et de complicité entre certains officiels et les réseaux de trafiquants.
Manque de volonté politique : La résolution des problèmes économiques, sociaux et politiques qui poussent les gens à partir est souvent négligée.
4. Les réponses internationales
Les réponses de la communauté internationale et de l’Europe varient, mais incluent généralement :
Opérations de sauvetage en mer : Diverses ONG et certaines agences gouvernementales mènent des opérations de sauvetage pour prévenir les noyades.
Le cas par exemple du bureau de l’ONG DIASPORA ASSISTACE depuis plus de 8 ans au Bénin de notre compatriote Médard KOUDÉBI qui présente des rapports et faire des recommandations aux Autorités Béninoises qui restent sans suite après chaque mission humanitaire dans les pays de Golf et du Maghreb. Cette ONG alerte l’opinion publique nationale et internationale, selon elle : « du départ massif de 2500 béninois du territoire par mois, qu’ont-ils fait concrètement » dans son communiqué du 21 mai 2024.
Politiques de dissuasion : L’Europe a mis en place despolitiques pour dissuader les migrants, y compris des accords avec des pays de transit comme la Libye pour contrôler les flux migratoires.
5. La nécessité de solutions holistiques
Pour aborder ce problème, des solutions intégrées et holistiques sont nécessaires :
Renforcement des économies locales : Créer des opportunités économiques et des emplois dans les pays d’origine pour réduire le besoin d’émigrer.
Stabilisation politique et sécurité : Travailler à la résolution des conflits et à l’établissement de gouvernements stables et responsables.
Voies migratoires légales et sûres : Offrir des alternatives légales à l’immigration clandestine pour ceux qui cherchent désespérément une vie meilleure.
La crise des migrants africains traversant la Méditerranée est une crise humanitaire qui appelle une action concertée et urgente à la fois des gouvernements africains et de la communauté internationale. Seule une approche globale, impliquant des efforts de développement durable, des politiques migratoires humaines et une stabilisation politique, pourra espérer atténuer ce problème dévastateur.
Il est temps d’arrêter l’hypocrisie et de tirer les conséquences de ce drame qui interpelle chacun de nous en particulier nous Africains et nos gouvernants.
Sosthène Tochehou Adéossi est un Béninois de la diaspora vivant en Ontario au Canada. Enseignant, essayiste, ce bénino-canadien très attaché à son pays d’origine et qui porte bien son prénom indigène -« A cause de mon pays »- œuvre de diverses manières pour l’éveil des consciences. Ce combat l’a amené à publier deux essais sur son pays. Le premier, « Le processus démocratique au Bénin de 1990 à nos jours. Compromis ou compromission des acteurs politiques? » et le second « Principes et valeurs pour une éducation démocratique des jeunes au Bénin », publiés chez l’Harmattan en France.