L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) en collaboration avec Coris Bank International a organisé le jeudi 16 mai 2024 au Chant d’Oiseau de Cotonou un débat contradictoire sur le thème : “L’économie mondiale et les défis de la coopération internationale dans les pays africains”. L’occasion a été propice pour les participants d’interroger les panélistes sur la question de la dette des pays africains. Selon l’ancien ministre et député de la 9ème législature, Maurice Lazare Sèhouéto, certaines personnes disent que les pays africains s’endettent beaucoup. “C’est vrai que nous avons aujourd’hui un taux d’endettement qui n’est pas au-delà des normes. On est encore dans les normes” a déclaré l’ancien ministre.
Pour le député Lazare Sèhouéto, “le souci aujourd’hui qu’il faut avoir, qu’on soit de la mouvance ou de l’opposition, lorsqu’un pays s’endette, il faut qu’on ait un souci de la pertinence des dettes. Il faut qu’on ait un souci de ce qu’on fait avec les dettes. Il faut qu’on ait un souci de comment poursuivre les efforts à l’interne et comment on poursuit les efforts pour que la production de richesse suive un bon rythme pour que nous soyons capables de rembourser”. Il a souligné que “toutes les dettes ne sont pas des dettes toxiques”. Mais il a fait savoir qu’“il y a des dettes toxiques”. Le Professeur Agrégé en Sciences de Gestion, Maxime Jean-Claude Hounyovi a de son côté révélé que “lorsque Sankara disait aux chefs d’État africains à un sommet de l’OUA en parlant du problème de la dette, “si nous nous entendons et que nous refusions de payer la dette, de rembourser parce que nous l’avons déjà remboursé plusieurs fois”. Sankara, dit-il, “a raison” et l’ancien chef d’Etat burkinabé a répété que:“cette dette là on l’avait déjà remboursé plusieurs fois. Thomas Sankara a par la suite poursuivi en ses termes : ” Si ici on s’entend pour refuser de rembourser ce qui reste là, on ne pourra rien nous faire. Mais si vous me lâchez l’année prochaine, je ne serai plus à ce sommet”. “ il a été liquidé” a indiqué le Professeur Agrégé en Sciences de Gestion. Le Professeur Jean-Claude Hounyovi a reconnu donc qu’“ il y a tellement de contraintes, des jeux de coulisses que nous ne maitrisons pas”.
Quant à l’ancien ministre Ganiou Soglo, il a laissé entendre qu’il croit “à notre continent, à notre jeunesse”. ‘ Je ne veux pas baigner dans un pessimisme Afro-africains” a lâché l’Économiste financier avant de poursuivre : “Des pays comme des pays asiatiques qui ont connu des guerres mondiales se sont relevés sans trop parler. J’aimais beaucoup ce que ma mère disait :’ les Béninois pensent parce qu’ils ont parlé, qu’ils ont agi’”. C‘est ceux, selon lui, “qui parlent le moins qui agissent le moins” et que “ce n’est pas parce que vous criez que vous agissiez”. L’ancien ministre a fait savoir qu’il ne veut pas “être dans une ambiance morose”. ‘C’est le cours de l’histoire ”a-t-il précisé avant d‘ajouter : “ L’Afrique, tout a commencé chez nous. Mais Je crois à notre continent, à notre jeunesse, à nos politiques mais faudrait-il qu’on ait de bons politiques”.
“Quand on parle de dette, moi je ne suis pas contre la dette. Je suis un financier, je suis un économiste. Il faut que vous sachiez qu’aujourd’hui dans le monde, le monde regorge d’argent pour le financement. Les financiers, ils n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts et leurs intérêts c’est le retour sur investissement” a révélé Ganiou Soglo. L’ancien ministre a expliqué que les pays comme Singapour, la Corée du Sud et le Japon “se sont d’abord développés en investissant sur le capital humain” à travers “ l’éducation, la santé”. Selon l’Économiste financier, “le capital humain, les financiers n’en veulent pas”. C’est pourquoi déclare-t-il, “on doit changer de paradigme” et penser au peuple. “ La dette explosera parce que malheureusement quand on fait des routes où il n’y a pas de péages, vous allez rembourser comment” a fait savoir Ganiou Soglo. Pour lui, “la seule option que vous avez, c’est d’augmenter les impôts sur vos populations, les taxes sur les entreprises, les PME”. La dette, selon l’ancien ministre, ”c’est un poison quand elle est mal contrôlée parce qu’à un moment donné vous devez rembourser”. “Qui va rembourser ?” s’est-il demandé. Il a répondu que “c’‘est les petits peuples”. C’est pour cela qu’il a suggéré qu’il faut investir dans le capital humain.
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