Près d’un an après son départ du gouvernement, Aurelien Agbénonci sort enfin de son mutisme. Invité par RFI par Christophe Boisbouvier, l’ancien ministre des affaires étrangères opine sur l’interdiction par le Bénin de l’exportation du pétrole nigérien à partir de Cotonou. Et à la grande surprise, il prend contredit habillement son ancien patron Patrice Talon qui s’est prononcé sur le sujet 24heures plus tôt.
L’ancien ministre de Talon, Aurélien Agbénonci est sorti du mutisme pour apporter sa contribution à la recherche de solution. Dans un entretien accordé à RFI, l’ex ministre des affaires étrangères a donné sa lecture de la crise que traversent actuellement le Niger et Bénin. Selon Agbénonci, la crise Niger-Bénin, trouve son origine dans les sanctions prononcées par la Cedéao, contre la junte militaire nigérienne au lendemain du coup de force du 26 juillet 2023.
En prononçant des sanctions aussi radicales contre les nouvelles autorités du Niger, la Cédeao et les pays qui l’ont accompagné dans cette manœuvre, sont allés « de mains dures ». À en croire l’ancien patron de la diplomatie béninoise, « la Cedeao elle-même est dans une crise identitaire ». Pour lui, « lorsque vous imposez des sanctions politiques alors que votre rôle est de rester d’abord dans la recherche de convergence économique pour pouvoir pousser la croissance et favoriser le développement dans cet espace communautaire, forcément on arrive à une situation difficile comme celle-là. »
En décidant de l’application des sanctions prononcées contre la junte nigérienne, les autorités béninoises ont « peut-être sous-estimé l’importance du Niger dans son économie et on a vu le résultat… Le port de Cotonou en a souffert », a confié l’ancien ministre. Pour le ministre Agbénonci, la confiance entre les deux pays est amochée. Ce qui entrave désormais le processus de dialogue et de normalisation des relations. C’est pourquoi, solutionne-t-il, « il faut désigner toute suite des intermédiaires pour leur parler ». Car, soutient Agbenonci, « le plus important pour moi, c’est que cette escalade arrête… Le projet pipeline mérite mieux que ce qui se passe». À l’ancien ministre de Talon de conclure : « Personne ne sera gagnant dans cette affaire ».
Limogé le 23 mai 2023, soit quelques mois avant le coup d’Etat du Niger, Aurélien Agbénonci était là dès les premiers instants du gouvernement Talon. Il est resté aux commandes du portefeuille du ministère des affaires étrangères pendant pratiquement 7 ans. Réputé proche du président, Agbénonci avait déjà perdu le portefeuille de la coopération bien avant son limogeage définitif. L’information avait fait grand bruit que le réputé proche du président Patrice Talon était nourri par des ambitions présidentielles. A sa suite, plusieurs autres limogeages. Son intervention sur le média international RFI vient jeter les pavés dans la marre du gouvernement dont il ne fait plus partie.
Ignace TOSSOU