Contribuer à la protection des filles et femmes serveuses des bars et des restaurants contre les abus, violences et exploitation de tout genre dans 5 départements du Bénin. Tel est l’objectif visé par Amnesty International Bénin et l’Association des Promoteurs de bars-restaurants et établissements assimilés du Bénin (ANAPROBAR) en lancement le vendredi 08 mars 2024 au siège de Amnesty International Bénin la charte de bonne conduite pour les promoteurs et usagers des bars et restaurants au Bénin.
Dans la présentation de la charte de bonne conduite, le Coordonnateur de l’éducation aux Droits humains à Amnesty Bénin, Eric Orion Biao a déclaré que la présentation au grand public d’une charte de bonne conduite permettra de contribuer à la protection des filles et femmes serveuses des bars et restaurants du Bénin. « Cette Charte que nous présentons aujourd’hui est un engagement solennel, un engagement envers la protection des femmes, un engagement pris par plusieurs acteurs et portés essentiellement par l’ANAPROBAR » a-t-il laissé entendre avant de poursuivre que ladite Charte « n’est pas un simple document mais elle appelle à l’action , une déclaration d’ intention à transformer nos sociétés pour qu’elles soient plus sensibles vis-à-vis des situations des femmes spécifiquement celles travaillant dans le service, dans les débits de boisson et des restaurants ».
Pour le Coordonnateur de l’éducation aux Droits humains à Amnesty Bénin, cette initiative rentre dans le cadre du « projet Serveuses et dignes », un projet d’éducation aux droits humains qui selon lui, « un projet qui visera à mobiliser plusieurs acteurs pour que les droits à la dignité des filles serveuses soient reconnus dans 5 départements du Bénin ». Ces 5 départements sont le Borgou, l’Atlantique, le Zou, le Littoral et l’Ouémé. Il est à préciser que le « projet Serveuses et dignes » est d’une durée de 30 mois (janvier 2023 à juin 2025). L’élaboration de la Charte qui invite à la protection des femmes dans leur milieu de travail et qui leur donne un environnement de travail sécurité a été possible avec le soutien du ministère des affaires sociales, l’Institut de la Femme (INF) et le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique et aussi avec l’appui de l’ANAPROBAR.
Le Président du Bureau Directeur des Promoteurs de bars-Restaurants et Etablissements assimilés du Bénin (ANAPROBAR), Charlemagne Adjanohoun a, de son côté, reconnu qu’à travers les enquêtes réalisées sur le terrain, il y a effectivement certaines choses qui se passent dans les réceptifs qu’il ne faut pas accepter. Les séances faites entre Amnesty International et ANAPROBAR ont, selon Le Président Charlemagne Adjanohoun, permis d’élaborer une Charte de bonne conduite au niveau des bars et restaurants qui concerne surtout les promoteurs et les usagers. Cette charte de bonne conduite comporte dix points. Il a rassuré l’assistance que la présente charte de bonne conduite sera appliquée par les promoteurs et usagers des bars et restaurants.
Constats faits sur le terrain
Jules Yago, assistant et suivi évaluateur à Amnesty International Bénin, a présenté aux professionnels des médias, les résultats d’une enquête qu’ils ont réalisé sur le terrain. De ces résultats, selon lui, il découle que les filles serveuses travaillent plus de 8 heures de temps par jour et 6 jours sur 7 avec un salaire moyen de 29500 fcfa. Il a fait savoir que dans les bars, 80% des filles enquêtées affirment avoir été victimes ou témoins d’abus ou de violences. Ces filles indexent surtout plus les clients après les gérants et promoteurs de bars Concernant les formes de violence et abus dont ces filles sont victimes, l’assistant et suivi évaluateur à Amnesty International Bénin a cité l’attouchement déplacé des clients représente 40%, les violences verbales, l’exigence de port de vêtement sexy non désiré et le non-paiement du salaire de travail.
Ce qui est à la base de ces violences et abus, Jules Yago a énuméré les préjugés et le non-respect du métier de serveuse, l’effet d’alcool, le style vestimentaire et le manque de mesures de protection des bars où elles exercent. Les conséquences et les répercussions sont donc la stigmatisation et la marginalisation de ces serveuses, l’augmentation du stress, le développement de sentiment d’insécurité, les agressions physiques dues à l’abus de l’alcool et les renvois pour celles qui osent dénoncer les cas d’abus et de violence. Il faut signaler que 90% des filles enquêtées ont indiqué qu’elles n’ ont pas connaissance de mécanismes de protection qu’elles peuvent faire recours.