L’artiste musicien sénégalais joueur de Kora SECKOU KEITA vivant en Angleterre est sur la route des festivals depuis quelques mois avec son nouvel album « HOMELAND » .Ce nouveau projet lui ramène sa Kora dans ses premiers fondements. Entre deux concerts, il nous parle de la Kora, de son évolution dans le temps, son ouverture au monde. Il met l’accent sur l’importance pour les africains de perpétuer cet instrument traditionnel africain mais surtout son envie de venir jouer sur le continent africain.
Dans ce nouvel album qui vient de paraître « HOMELAND », Seckou tu revendiques le retour à la source et montre aussi ton africanité, mais surtout l’évolution de la kora. Comment vois-tu cette évolution à traverser le temps ?
Seckou Kéita : L’évolution de la kora, pour moi, non seulement s’est faite dans le temps mais aussi dans l’espace car elle est partie de l’empire du Gabou qui était la Gambie, le sud du Sénégal, la Casamance, la Guinée, Bissau… De là, la kora est connue dans le mandingue, dans toute l’empire du mandingue, la kora est partie dans les cours royales et impériales en allant participer et se placer dans la vie des habitants de l’Afrique de l’ouest. Dans les moments très importants aussi pour eux, comme les cérémonies, les baptêmes et les mariages, ainsi de suite. De là, petit à petit et au fur et à mesure du temps, elle est partie plus loin que ça. Elle a quitté son pays, elle a voyagé hors des frontières de l’Afrique de l’Ouest.
Dans ce projet, tu embellis les notes de la Kora avec plusieurs courants musicaux entre tradition et modernité. Etant un artiste qui aime les rencontres, est ce qu’on peut dire que la kora doit plus s’ouvrir plus à d’autres musiques ?
Seckou Kéita : Bien sûr que oui, la Kora doit s’ouvrir en fait. Pour moi, cela fait partie aussi de l’évolution de la Kora ou même de la préservation de l’instrument parce qu’en fait, pour moi, la kora doit aussi participer à toutes les conversations musicales dans ce monde entier.
C’est mon instrument, c’est facile de dire, c’est un instrument magique pour moi et pour beaucoup de personnes, ceux qui ont le pouvoir en allant vers les gens qui le jouent ou qui l’écoutent aussi.
Il faut le faire entendre dans tous les coins du monde, il faut le faire jouer partout, c’est important aussi car il y a un côté à préserver traditionnellement.
Mais si on le garde là, ça va rester. Pour moi la kora ne doit pas rester que dans les musées du 13è au 21è siècle, Il faut que la Kora parle avec tout le monde, toutes les générations.
Donc, c’est ma mission aussi ça bien qu’il y a des inconvénients. Il faut protéger la kora mais aussi faire de l’ouverture pour que l’instrument atteigne le monde aussi et l’instrument existe.
La Kora jouée, elle est magique, elle a toutes ses potentialités possibles, elle fait partie de ma vie. C’est vrai que ça a beaucoup changé, l’expérience que j’ai eue très petit, d’avoir fait l’apprentissage autour des joueurs, à la maison, cette façon traditionnelle d’apprendre cet instrument qui était un outil pour moi fait partie intégrante de ma formation.
C’est vrai que, de plus en plus, cette façon de faire traditionnelle, on la trouve plus dans les pays comme le Sénégal, le Mali, la Guinée, l’Afrique de l’Ouest en général.
Bien que je suis parti très tôt du Sénégal, il est important pour nous de continuer à jouer la kora et la présenter partout dans le monde, et aux non joueurs de la kora .On doit inspirer les non mandingues tout en l’ouvrant nous devons préserver cet instrument et qu’elle continue à s’évoluer comme les ancêtres l’ont toujours fait.
Ayant étant bercé très tôt dans la pratique de la Kora, la modernité a ses inconvénients sur la transmission des valeurs traditionnelles, qu’est ce qu’il faut faire aujourd’hui pour il y ait assez de joueurs de Kora pour perpétuer ce magnifique instrument traditionnel que vos pères vous ont légué ?
Seckou Kéita : C’est de faire passer cette pratique traditionnelle de la Kora fondamentalement, c’est vrai aussi que je ne suis pas tout le temps en Angleterre. Dans l’année, je passe deux ou trois fois, voir quatre fois au Sénégal. Je suis avec mes frères et cousins et mes jeunes frères, je passe du temps avec eux. Mon grand père me disait toujours ce proverbe « il faut toujours prévoir de ne pas mourir avec le savoir que tu as »
C’est ce qu’on nous essayons de faire moi et ma famille, perpétuer la connaissance qu’on nous a apprise. Il est aussi important de venir de temps à autre au Sénégal jouer avec les musiciens, partager de plus bel cette passion.
Bien que vivant en entre l’Angleterre et le Sénégal, tu es un vrai citoyen du monde, tu joues dans plusieurs coins du moment mais pas assez sur le continent en matière de concert. Est ce que ce nouveau projet te donnera des opportunités sur le continent africain?
Seckou Kéita : Voyez pour le retour au pays, c’est prévu. C’est bien vrai qu’on tourne en Europe, aux Etats-Unis, en Asie, mais revenu à la source sur le continent africain. C’est un devoir de revenir au pays, de présenter ce que j’ai appris et partager des moments de concert avec eux comme je le fais partout dans le monde .J’espère bien qu’après la sortie de mon nouvel album, Homeland, chapitre 1 que je puisse avoir des concerts sur le continent africain.
Entretien réalisé pour Le Patriote par Mory Touré