Trois mois seulement après sa prise de fonction, Michel Barnier, Premier ministre français, a été destitué par une motion de censure à l’Assemblée nationale. Ce revers historique plonge le pays dans une crise politique profonde.
Sur les 577 députés, 331 ont voté contre le gouvernement de Barnier, profitant de son passage en force sur une partie du budget 2025, présenté lundi par un mécanisme constitutionnel controversé. Ce vote fait de lui le Premier ministre ayant exercé le mandat le plus court de l’histoire de la France depuis la Cinquième République et le premier à être renversé par une motion de censure depuis 1962.
Le cabinet de Michel Barnier continuera d’expédier les affaires courantes jusqu’à ce que le président Emmanuel Macron désigne une nouvelle équipe dirigeante. Cependant, cette tâche s’annonce complexe pour Macron, qui doit composer avec un Parlement divisé en trois grands blocs après des élections législatives anticipées cet été. Aucun des camps — ni la majorité présidentielle, ni l’opposition de gauche, ni l’extrême droite — n’a pu obtenir une majorité claire, rendant la gouvernance difficile.
La situation est devenue critique lundi, lorsque Barnier a choisi d’utiliser un mécanisme constitutionnel pour faire adopter son budget, contournant ainsi un vote parlementaire. Cette décision a suscité la colère de l’opposition, qui a immédiatement déposé une motion de censure. Soutenue par les députés de gauche et par le Rassemblement national, la motion a été adoptée mercredi, scellant le sort du gouvernement.
Dans son discours devant l’Assemblée nationale, Barnier a défendu sa position, affirmant qu’il n’avait pas peur de l’issue du vote, tout en avertissant qu’une destitution rendrait « tout plus grave et plus difficile plus difficile ». Mais ces arguments n’ont pas suffi à convaincre les parlementaires.
Marine Le Pen, l’ombre de Barnier
Marine Le Pen, leader du Rassemblement national, s’est imposée comme l’une des figures clés de ce renversement. Lors des débats, elle a dénoncé l’entêtement doctrinaire de Barnier, estimant qu’il avait échoué à faire des compromis nécessaires pour éviter cette crise. Les partis de l’opposition en général, ont avancé leur non catégorique au budget de Barnier qui selon eux est trop sévère sur la population.
« Vous avez refusé jusqu’au bout, de retenir ne serait-ce qu’une partie raisonnable et essentielle de (nos) mesures pourtant détaillées et chiffrées. Vous n’avez apporté qu’une seule réponse, l’impôt, l’impôt, toujours l’impôt », a affirmé sa présidente, Marine Le Pen. « Vous avez même refusé de soutenir l’indexation des retraites sur l’inflation, qui était pourtant une ligne rouge du socle commun », a-t-elle ajouté.
Avec un gouvernement à terre et un Parlement fracturé, la France entre dans une période d’incertitude majeure, dont l’issue reste imprévisible. Une nouvelle course pour Macron, qui devrait choisir après sa visite de l’Arabie Saoudite un nouveau Premier Ministre afin de faire voter un autre budget.
Ezéchiel D. Padonou