Dans cet 4è article, Mathias Hounkpè essaie de faire la corrélation entre les révisions de la constitution et l’institution des pouvoirs à vie. Le politologue postule que « les présidents qui ont forcé pour aller au-delà de la limitation constitutionnelle des mandats, ne quittent le pouvoir par eux-mêmes qu’exceptionnellement, en cas de force majeure ».
Comment le intéressées : De la sincérité de la promesse de ne pas durer au pouvoir.
Le présent papier touche un autre discours que nous entendons, souvent, de la part de ceux qui souhaitent l’extension du nombre des mandats présidentiels au-delà de la limite constitutionnelle. Il s’agit, par exemple, de ceux qui utilisent le prétexte de vouloir finir les tâches déjà commencées, comme l’affirmait le chantre du « Tazartché », l’ex président du Niger, Mamadou TANDJA. Il s’agit également de ceux qui se servent du prétexte de la non-rétroactivité de la loi, à la suite d’une révision ou d’un changement constitutionnel supposé remettre les compteurs à zéro, ou de toutes autres raisons pour justifier la nécessité d’avoir des mandats supplémentaires, non prévus par la constitution. De tels arguments pourraient donner le sentiment que ces prolongations de mandats seraient juste une manœuvre ponctuelle, le temps de finir les chantiers entamés, et que la durée desdites manœuvres devrait être limitée dans le temps. Hélas, comme on va le constater, l’histoire nous enseigne que ces présidents ne quittent quasiment jamais le pouvoir de façon délibérée. En effet, passons en revue la liste des pays où des présidents se sont maintenus au pouvoir, à la faveur de manipulations constitutionnelles. Il s’agit, par exemple du Togo (sous EYADEMA père), du Gabon (sous les deux BONGO), du Tchad (sous DEBY père), de la Guinée (sous CONDE), du Burkina (sous COMPAORE), du Niger (sous TANDJA) etc. Aucun de ces présidents n’a, ensuite, délibérément quitté le pouvoir. Bien au contraire ! Dans tous ces pays où la limitation des mandats a été contournée pour une raison ou une autre, les présidents responsables de ces manipulations sont soit morts au pouvoir, soit ont été chassés du pouvoir par un coup d’Etat ou un soulèvement populaire. Je pourrais ajouter à la liste ci-dessus les Présidents MUSEVENI d’Ouganda, BIYA du Cameroun, OBIANG de la Guinée équatoriale, KAGAME du Rwanda, SASSOU NGUESSO du Congo Brazzaville, EYADEMA (le fils) du Togo, tous encore en exercice …De ce qui précède, l’on peut dire, sans grand risque de se tromper, que les présidents qui ont forcé pour aller au-delà de la limitation constitutionnelle des mandats, souvent au prix d’une dure répression des manifestations coûteuses en vies humaines et en dégâts matériels, ne quittent le pouvoir par eux-mêmes qu’exceptionnellement, en cas de force majeure. En conséquence, les citoyens de tous les pays où les présidents ont eu recours à des manipulations constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir n’ont qu’à bien se tenir. Leurs présidents sont là pour longtemps !
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Mathias HOUNKPE