Depuis son arrestation la nuit du 23 au 24 septembre 2024, l’homme d’affaires, ami très proche du président de la République et « deuxième personnalité du pays », Olivier Boko autrefois très craint dans l’arène politique du Bénin semble se retrouver seul face à son destin. En dehors du communiqué rendu public le mardi 24 septembre 2024 par le bureau national du mouvement Objectif Bénin 2026 (OB 2026) soutenant sa candidature, et la conférence de presse des avocats des présumés, c’est le silence total autour de cette affaire qui noie complètement les ambitions d’Olivier Boko. Avec d’autres arrestations moins pondérées, des bruits ont été entendus. Des voix se sont levées et même la communauté internationale s’était prononcée.
En effet, depuis leur arrestation puis incarcération, l’ancienne ministre Réckya Madougou, le professeur Joel Aïvo, le compatriote Steve Amoussou, l’opposant Thibaut Ogou, récemment libéré et même le veux Remy Gnambakpo interpellé et relâché quelques jours plus tard, pour ne citer que ceux là, ont bénéficié des soutiens instantanés du public béninois. Plusieurs voix se sont levées pour réclamer leur relaxe. Des partis politiques, des personnalités politiques, des Ong, des organisations de la société civile et même des organisations syndicales ont donné de la voix en leur faveur. Mais curieusement, ces nombreuses et précieuses voix se sont subitement éteintes face à un dossier de si grande envergure qui touche l’appareil d’État béninois.
On peut comprendre l’opposition notamment les démocrates qui ne voudraient certainement pas se jeter sur le dossier qui oppose deux amis d’hier qui plus sont tous de la mouvance et collaborateurs très proches. Mais pourquoi aucun béninois n’ose ou ne veut même sur les réseaux sociaux prendre la défense de Olivier Boko et Oswald Homeky ? Où sont passées les organisations de défenses des droits de l’homme, ne serait-ce que pour demander le respect des droits des prévenus ? Pourquoi un silence si lourd et autant d’indifférence des béninois sur le sort qui pourrait être réservé aux présumés notamment Olivier Boko pourtant potentiel candidat aux prochaines élections présidentielles ? Une chose est certaine, Olivier Boko malgré sa puissance politique et financière sous le régime de la rupture se retrouve pratiquement seul depuis son arrestation.
Des escrocs comme militants
A trois ans de la fin du mandat du président Patrice Talon, Olivier Boko a affiché son ambition de succéder au chantre de la rupture. La couleuvre n’a pas pu être avalée par le président Patrice Talon, mais Olivier Boko n’a pas démordu puisqu’une vaste mobilisation des soutiens furent organisée sur le terrain avec un renfort médiatique à la taille de l’ambition affichée. Des déclarations se sont multipliées en sa faveur sur presque toute l’étendue du territoire national. Oswald Homeky alors ministre dans le gouvernement de Patrice Talon a d’ailleurs fait les frais de l’appétit qu’a eu Olivier Boko puisqu’il serait débarqué de l’équipe gouvernementale sous couvert d’une démission en octobre 2023.
Mais que s’est-il passé pour qu’aujourd’hui, aucun de ces mouvements ou nombreux soutiens ne puisse prendre véritablement la défense de Olivier Boko depuis son arrestation ? Avait-il vraiment des soutiens ou ces mouvements étaient-ils simplement des commerçants politiques qui, sous-couvert de leur attachement à une hypothétique qualité d’homme d’Etat de Boko, profitent de son porte-monnaie ?
Au regard de ce qui s’observe depuis l’arrestation des présumés auteurs de la tentative de coup d’Etat contre le président Talon, il est clair que Olivier Boko était soutenu par des militants soit virtuels qui, tels des châteaux de carte, se sont disloqués avec l’arrestation de leur pilier, ou soit il a comme soutiens, des béninois qui n’avaient pour seul objectif que de prendre leur part de la manne que Boko a amassé grâce à sa double qualité d’homme d’affaires et d’homme politique qui a géré « sans partage » les affaires du Bénin avec la rupture. Depuis Lundi 23 Septembre 2024, l’arrestation de Olivier Boko a donc permis de noter qu’il a son actif plus de pourfendeurs que d’admirateurs tapis dans le rang de ses soutiens qu’il devra rechercher en dehors des commerçants qui profitent de son compte bancaire.
Comlan Paul ODAH