Nommé en Conseil des Ministres le 22 février 2023 Directeur Général de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes(ANIP), le rwandais Pascal Nyamulinda aurait jeté l’éponge mardi dernier. Une décision qui ravive les inquiétudes et des soupçons surtout que l’intéressé a manipulé le fichier électoral et aucun audit n’a été fait de son travail avant que cette démission ne survienne.
Le mardi 2 juillet 2024, les médias annoncent la démission du rwandais Pascal Nyamulinda, Directeur Général de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) en Conseil des Ministres depuis le mercredi 22 février 2023. Cette décision à laquelle aucune explication officielle n’a été donnée a suscité un tollé. On s’étonne bien de le voir démissionner de son gré alors qu’il est en charge de l’élaboration de l’état civil mais aussi du fichier électoral. Malheureusement, les béninois ignorent complètement les tenants et les aboutissants de cette démission, sauf quelques bribes d’informations qui font état d’un certain nombre de malaises au sein de l’agence.
En effet, depuis quelques semaines, bien de problèmes se sont invités à l’ANIP où le rwandais était encore patron. Des allégations d’activités peu orthodoxes au sein de l’Agence ont récemment émergé insinuant que certains agents de l’ANIP auraient été impliqués dans des activités délictueuses en offrant des services pour lesquels ils n’étaient pas autorisés, moyennant des ristournes. L’Ong Bénin Diasporas Assistance de Médard Koudébi avait longtemps dénoncé des cas de manipulation de l’état civil et des inquiétudes sur l’introduction d’étrangers au fichier électoral. En réponse à ces allégations, le Directeur Général, le rwandais Pascal Nyamulinda aurait pris la décision de suspendre, dans la dernière semaine du mois de juin 2024 la correction des données nominatives et la mise à jour du numéro de téléphone dans le Registre National des Personnes Physiques. Cette décision n’a-t-elle pas été digérée par le gouvernement béninois et son chef ? Une chose est certaine, le rwandais a conçu un registre de l’état civil béninois que seul son recruteur et lui même connaissent le contenu et à quelle fin il est réellement destiné.
Déjà en 2023, la nomination du rwandais à la tête de l’ANIP a suscité une vague de critiques qui pleuvaient de toutes parts notamment de l’opposition qui a fustigé en son temps cet acte du gouvernement béninois, en pointant du doigt, le passé de Pascal Nyamulinda grâce à qui, le président Rwandais Paul Kagamé continue d’occuper son poste depuis 20 ans et surtout le fait que le gouvernement béninois soutenait qu’il n’y avait pas de profil à l’interne mieux que celui rwandais.
A cette étape, des questions subsistent. Pascal Nyamulinda a alors démissionné parce que son recruteur pense qu’il n’est plus compétent ou bien parce que le recruteur veut modifier son ordre de mission qu’il n’apprécie pas ? Son recruteur lui a-t-il donné des ordres qu’il se voit incapable d’exécuter ? Ou, carrément, comme le susurrent certains, il a commis des actes répréhensibles et suffisamment graves et a jugé de fuir avant que ses actes ne réveillent des soupçons. Pourquoi celui pour qui le père de la nation a sacrifié toutes les compétences de son pays avant de le placer à la tête de l’ANIP aurait démissionné à quelques mois de la fin du mandat controversé de son recruteur alors qu’il détient le registre d’où sortira la liste électorale ? Pascal Nyamulinda a-t-il vraiment démissionné ou l’a-t-il choisi de s’échapper après avoir commis son forfait ? Quelle est la réelle mission de son remplaçant, le désormais DG Adjinacou ?
A dire vrai, un flou artistique et inquiétant entoure la démission de ce «super Dg» de la rupture et surtout ses activités à la tête de l’ANIP .
Pour des raisons de sécurités des données personnelles des béninois et la sécurité du pays surtout lors des prochaines élections, le rwandais DG de l’ANIP devrait répondre à un certain nombre de questions avant de quitter son poste et même avant de partir de Cotonou pour Kigali.
Pendant que le chef de l’Etat béninois, le président Patrice Talon donne le feu vert à l’opposition pour réaliser un audit complet des activités de cette agence sous le DG Pascal Nyamulinda, ce dernier dépose le tablier sans rien clarifier de sa gestion aussi bien technique que financière. N’est-il pas venu accomplir une mission à la fin de laquelle il s’en va prétendant qu’il démissionne pour faire croire aux béninois qu’il est blanc comme neige afin qu’aucun compte ne lui soit demandé ?
Une chose est sûre, cette démission ressemble plus à une mise en scène, ou encore à un complot qu’une réelle démission dûment motivée et actée.
CPO