Ce vendredi 21 juin 2024, le siège du groupe de presse « Agratime » a abrité la 5e session du « Vendredi Agricole ». Cette rencontre d’échange organisée par l’association des journalistes et communicants spécialistes de l’Agriculture, « GléXo », s’est penchée sur la thématique de la santé des sols animée par Dr Ekwe Jean Dossa, directeur de la production agricole et de la santé des sols au Centre International de Développement des Engrais (IFDC) du Bénin.
« Entre rentabilité et productivité agricole : comment veiller à la santé du sol ? », c’est autour de ce thème qu’ont porté les échanges de la 5ème session du Vendredi Agricole. Elle a rassemblé les journalistes et communicants issus de divers organes de presse spécialisés en agriculture au Bénin et les représentant du Centre International de Développement des Engrais (IFDC) du Bénin. L’objectif était d’informer les professionnels des médias sur les stratégies visant à promouvoir de façon durable la santé des sols afin qu’ils puissent mieux aborder la question dans leur production de presse.
Si l’on convient que le sol se compose de parties solides ou physiques, minérales, organiques, ainsi que de l’air et de l’eau, alors la fertilité du sol se définit comme sa capacité à soutenir la croissance et la production des cultures. Deux chercheurs en science des sols, Doran et Parkin, définissent dans un document scientifique publié en 1994 la santé des sols comme « la capacité du sol à fonctionner de manière à promouvoir, à l’échelle de l’écosystème, la productivité agricole tout en préservant la qualité environnementale ainsi que la santé des humains et des animaux ».
L’expert de l’IFDC, pour faire simple, explique que « la santé des sols est essentielle si nous voulons maintenir une production durable sur le même sol, sans polluer ni nuire à la santé des humains et des animaux qui en dépendent ». Cela signifie que des sols en bonne santé favorisent une agriculture saine et écologique. Cependant, le maintien de leur performance dépend en grande mesure de la matière organique qui s’y trouve.
La matière organique, un indicateur de sol fertile
Au cours de sa présentation, le communicateur a mis l’accent sur un élément clé de la santé des sols : la matière organique. « Sans la matière organique, il n’y aura pas de santé du sol », a affirmé Dr Ekwe Jean Dossa. Il ajoute aussi qu’elle permet au sol « de mieux gérer l’eau, de stocker les nutriments et d’avoir une capacité d’échange ». La matière organique, composée essentiellement de l’humus, de résidus végétaux décomposés, de produits de décomposition microbienne, de racines et exsudats racinaires, de même que de substances humiques, confère au sol sa stabilité structurelle.
L’absence de cette ressource occasionne la dégradation de la structure des sols avec pour corollaire la perte de leur vitalité. « Le sol peut perdre sa structure sous l’effet de fortes pluies et devenir compact », a-t-il renchéri. Aussi, la profondeur du sol apparaît comme une contrainte majeure pour la santé des sols.
Face à ces spécificités, Dr Ekwe Jean Dossa prévient les agriculteurs contre les pratiques qui influencent la santé des sols, notamment sur le plan physique, à travers les méthodes invasive de travail du sol, le contrôle de l’érosion et la fertilisation. Puisque plusieurs organismes vivent dans le sol pour soutenir sa productivité, les producteurs doivent contrôler leurs actions pour aider ceux ci à accroître leur rendement.
Analyser la fertilité des sols, le 1er pas décisif vers la santé des sols
Dans un contexte où le rendement agricole de tout type de culture dépend en grande partie de l’etatdu sols, il va sans dire que leur choix doit reposer sur un diagnostic préalable. Selon le directeur de la production agricole et de la santé des sols à l’IFDC, l’analyse de la fertilité des sols s’appuie sur des recherches en laboratoire et sur des indicateurs palpables, comme l’observation visuelle. Ainsi, un sol compact avec peu ou pas de matière organique nécessite un traitement visant à restaurer sa santé. De ce fait, l’apport en quantité considérable de matière organique devient nécessaire.
D’ailleurs, l’IFDC réalise la carte de fertilité des sols afin d’identifier les problèmes des sols. « Nous aidons les États à évaluer la fertilité des sols pour identifier les carences nutritionnelles des sols et proposer des engrais adaptés aux cultures », a souligné Ekwe Jean Dossa. Le centre accompagne également les producteurs dans le choix des engrais pour corriger les carences, et surtout la technique de fertilisation par microdose. « Nous demandons aux producteurs, lorsqu’ils veulent corriger les déficiences nutritionnelles des sols, de ne pas seulement appliquer des engrais, mais d’utiliser un ensemble d’engrais minéraux, de matière organique, de compost et de fumier », a ajouté le spécialiste.
La 5e session du « Vendredi Agricole » a été un moment de partage et d’échange cordial avec l’expert en santé des sols, Dr Ekwe Jean Dossa. Les acteurs des médias présents en sont sortis enrichis de savoir qu’ils promettent d’exploiter dans leurs publications.
Dorice M. AHOLOUKPE