L’église catholique du Bénin est très préoccupée par la situation sociopolitique du pays. À ce titre, elle multiplie les sorties publiques pour dénoncer l’exclusion affichée par le nouveau code électoral du 05 mars 2024. Dans ce cadre, elle a organisé un colloque ce jeudi 25 avril 2024 à Cotonou.
Au cours de cette causerie, les partis politiques, la société civile, les chefs traditionnels, les confessions religieuses et les Béninois ont appelé à une relecture immédiate du nouveau code électoral. Pour camoufler son parti pris, l’église, a plutôt invité les participants à échanger sur le thème : « Les modifications du Code électoral au Bénin, de 1990 à aujourd’hui : le Code électoral, le vivre ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation ». Mrg Roger Houngbédji, le président de la conférence épiscopale du Bénin, lors du discours inaugural, a invité les partis politiques à promouvoir des lois qui vont consolider le vivre ensemble et la participation de tous à la construction de la nation, la contribution à la paix sociale pour des élections véritablement démocratiques en 2026. Le chef de la conférence épiscopale du Bénin demande aux Béninois de mettre en priorité la fraternité. « Aucune personne ne peut rester indifférente à la situation qui prévaut actuellement. Se résoudre à la victimisation en faisant semblant de ne pas voir les mots qui nous minent. C’est faire la politique de l’autruche. Aimer son pays c’est s’aimer soi-même », a déclaré Mrg Roger Houngbédji. Les dirigeants de l’Église catholique veulent que les Béninois trouvent une réponse solidaire face à la situation pour faire renaître la confiance. À la suite du président de la conférence épiscopale du Bénin, c’est au tour de l’archevêque émérite du Bénin Antoine Ganyé d’adresser un message personnel au président Talon, pour le prélat : « Le président Talon a fait des choses magnanimes pour le Bénin, mais il reste une chose et c’est très important, le président aime un pays sans aimer ses habitants ». Mrg Ganyé a invité les organisateurs du colloque à une rencontre avec le chef de l’État béninois pour lui faire le compte rendu de la situation du rejet du code électoral par les Béninois. Quelques minutes après, la réaction du prélat est devenue très vite virale sur les réseaux sociaux avec beaucoup de commentaires positifs. Les institutions ayant validé le nouveau code électoral ne sont pas restées en marge des critiques.
« La Cour a changé de style depuis 2018 »
Pour beaucoup de Béninois, la cour constitutionnelle de Dorothée Sossa ne joue plus son rôle de garant de la constitution. Elle est devenue une « caisse de résonance du pouvoir exécutif et législatif ». Me Robert Dossou, un ancien président de la cour constitutionnelle du Bénin, condamne « la cour constitutionnelle du Bénin a changé de style depuis 2018 ». Après avoir décrié la situation alarmante dans laquelle la cour constitutionnelle du Bénin se trouve, il a exhorté l’institution à privilégier le droit de l’homme. Le colloque a connu la présence remarquée des partis politiques de l’opposition. Parmi eux, le parti les démocrates. Après avoir remercié l’église catholique pour l’initiative, Eric Houndété a, dans sa déclaration, invité le chef de l’État et les députés de la majorité présidentielle a rééquilibré le jeu démocratique. « Le désir c’est de réaliser un équilibre des acteurs en présence dans les institutions qui organisent les élections. Un contrôle mutuel. Tu me surveilles, je te surveille ».
Tard dans la soirée, la réponse du gouvernement sur la problématique ne s’est pas fait attendre, Wilfried Léandre Houngbédji, le porte-parole du gouvernement béninois était sur la chaine nationale, ORTB. Pour le porte-parole du gouvernement, l’Église catholique n’est pas impartiale, il ne joue pas le rôle du bon arbitre. Il condamne la démarche du clergé catholique. : « Le clergé aurait tôt fait d’inviter un membre de la commission des lois pour lui expliquer les tenants et les aboutissants du nouveau code électoral au lieu d’organiser un colloque », a-t-il affirmé. Cependant, sa déclaration est sans fondement quand on sait que le code existe, il est promulgué et va encadrer les trois élections de 2026. Faire de pareille déclaration c’est laisser croire que les gens qui ont participé à cette rencontrer ne savent pas lire les textes juridiques. Pour l’heure le mercure monte au Bénin et ce samedi, les syndicalistes ont invité les Béninois à faire une marche pacifique pour dénoncer le pouvoir autocratique du président Talon depuis 2016 et la cherté de la vie.