« Promouvoir une démocratie au service du développement dans le respect des droits humains et la consolidation de la paix ». C’est le thème qui a regroupé tout au long de l’année, intellectuels, politiques, société civile, scientifiques, Béninois lambda, et autres. Lors de son discours de clôture des conférences sociales, des débats et des carrefours le jeudi 14 septembre 2023 au Chant d’Oiseau de Cotonou , le Père Arnaud Éric Aguénounon , Philosophe politique et Directeur de l’IAJP a déclaré que contrairement aux expériences faites durant ces 25 dernières années, l’ Institut des Artisans de Justice et de Paix ( IAJP) « a voulu cette année, initier une nouvelle dynamique, prendre un thème trimestriel et le développer en 3 actes : Premier acte : La Conférence , 2ème acte : le débat et 3ème acte : les cercles de réflexion » . Ce qui fait, selon le Directeur de l’IAJP, neuf (9) mois d’échange, de rencontres et de partages.
Pour le philosophe politique et Écrivain-Essayiste, au bout de ces 9 mois, chacun des participants a travaillé sur « la question de prévention des crises post électorales au premier trimestre, la démocratie : valeur humaine et consolidation de la paix au second trimestre et au troisième trimestre la promotion d’une démocratie au service de développement » . Pour le Directeur de l’IAJP , ce nouveau schéma de rencontre, d’échange et de partage initié par son institut en cette première édition est « une réussite au regard de la mobilisation, de l’intérêt suscité et le retour positif généré par les débats post-activités dans les différents fora et dans plusieurs autres instances de réflexion ». « Notre pays a besoin de cadre d’échange, d’agora intellectuelle et de partage » a-t-il lâché. Cet institut, selon le Père Aguénounon, se veut être un lieu d’échange au carrefour des sociétés, des sociétés pauvres, populaires, élitiste , scientifiques et culturelles. Il se veut ajoute-t-il « être au cœur de la cité, sentir la question sociale, la récupérer, se réunir pour en débattre et sortir après avec des ouvrages, des résolutions et des perspectives ». Il s’agit là, affirme-t-il, « d’un travail d’éducation et de formation de la conscience humaine ». Car pour lui « chacun de nous constitue une pierre vivante dans la construction d’une cité, d’une cité démocratique ».
Les fragilités de la démocratie
Le philosophe politique a souligné que la cité démocratique comme le dit Claude Lefort, sociologue, philosophe politique qui a donné une célèbre conférence en 2009 avec pour thème « Fragilités et fécondité des démocraties, la dissolution des repères de la certitude », « note plusieurs faiblesses de la démocratie, plusieurs fragilités » C’est pourquoi selon lui , « il faudrait travailler sur ces fragilités ». Comme fragilités de la démocratie selon le Père Eric Aguénounon, Claude Lefort a cité les groupes d’intérêt et des lobbies qui pèsent sur les décisions et sur les mises en œuvre des décisions, l’ensemble des instruments rugueux confiés à une majorité pour exercer le pouvoir au détriment de la minorité, le fossé entre riches et pauvres qui n’épargne aucun Etat et aucun pays au monde, les couches de misère palpable en Europe, aux Amériques, les disparités éducationnelles entre couche populaire, classe moyenne et classe de riche.
A-t-il mentionné « l’institutionnalisation à outrance de la démocratie avec des acteurs politiques mal formés, imbus de leur pouvoir qui ne pensent qu’à eux-mêmes d’où la question de l’homme politique venu se servir et asservir qui pose problème en démocratie» . Enfin, Claude Lefort a précisé que « la démocratie ou la cité démocratique est dans un processus constant d’indétermination et d’inachèvement ». Et c’est là selon le Philosophe politique « que se situe tout le sens de ce thème d’année et tout le sens de l’existence de l’ IAJP qui essaye depuis 25 ans de travailler à asseoir la démocratie surtout qu’aujourd’hui, la démocratie devient une denrée rare, contestée, remise en cause dans beaucoup de pays par une jeune classe de militaires intellectuels, patriotiques ayant besoin d’être accompagnés, et encadrés ».
C’est pour cela que le Père Eric Aguénounon a laissé entendre qu’ « Il est important aujourd’hui plus que jamais de nous asseoir au Bénin et d’ aller à l’essentiel » et « mettre l’homme au cœur des mutations », de la socialisation démocratique et de l’éducation démocratique. Cela est important car pour lui « il faut arrimer famille, école et facteurs socio-éducatifs» . Affirme-t-il, « de nos jours, il est important de tenir compte de ses leviers surtout que la télé est davantage incisive, les réseaux sociaux sont tranchement tranchants et notre société va certainement à la dérive parce que père et mère n’arrivent plus à tenir leurs enfants , les écoles, les enseignants et les éducateurs se plaignent de l’absence des parents qui ne répondent jamais aux invitations , aux convocations et qui ont essayé de dresser un mur entre l’école et la famille ». C’est pourquoi il a insisté qu’ « il nous faut donc briser ce mur ». « Il nous faut donc briser les murs de nos sociétés pour construire une société davantage communautaire, collégiale autour des valeurs qui portent l’homme à se tourner résolument vers son frère du Niger, du Burkina, du Mali et aussi son frère ou sa sœur de l’occident » a-t-il souligné.
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