(Le Bangladesh en tête avec 43,2%)
Que produit le Bénin ? Que vend-t-il et à qui ? Pendant longtemps, les produits d’exportation du Bénin et leurs bénéficiaires ont toujours été entourés de mystère. Pour beaucoup, l’Europe serait la première destination des produits béninois. Eh bien, le rapport 2024 de l’Institut National dela Statistique et de la Démographie(Instad) sur les « Grands Traits, Commerce Extérieur du Bénin en 2024 » prouve le contraire. Dans le top 10 des principaux pays partenaires, les pays asiatiques et africains battent le record. Le Bangladesh vient en tête de ce classement avec 43,2 %. La France, elle, n’y figure pas curieusement.
En effet, d’après le rapport de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INStaD), en 2024, les exportations de marchandises du Bénin se sont élevées à 674,7 milliards de francs CFA, selon les données officielles. Et contrairement à ce que pense une partie de l’opinion publique, ce ne sont pas les pays occidentaux, encore moins la France, qui achètent en masse les produits béninois. Plus de 68,2 % des exportations béninoises sont destinées au continent asiatique, loin devant l’Afrique (15,1 %) et d’autres régions du monde. La France,est donc absente de cette liste du Top 10 des pays importateurs des produits béninois contrairement aux rumeurs ambiantes. Ce classement est dominé par des pays asiatiques tels que le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, la Chine et les Émirats Arabes Unis, suivis par le Danemark, les États-Unis, le Tchad, le Nigeria et le Togo.
Par ailleurs, il faut noter que le produit le plus exporté par le Bénin reste le coton, non cardé ni peigné, qui constitue une part écrasante des recettes à l’export. Et dans cette catégorie, le Bangladesh se distingue largement en absorbant à lui seul plus de 99 % du coton béninois, consolidant sa place de premier partenaire commercial du pays en matière d’exportation. Outre le coton, les autres produits phares de l’exportation béninoise comprennent : les graines et fruits oléagineux même concassés ; les tourteaux et autres résidus solides provenant de l’extraction de graisses; les fèves de soja, même concassées ; les noix de coco, noix du Brésil et noix de cajou fraîches ; les huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux ; les barres en fer ou en acier non allié ; l’huile de soja et ses fractions, même raffinées ; les véhicules aériens à moteur et les divers fruits et parties comestibles de plantes. Cette orientation vers l’Asie s’explique par la forte demande asiatique en matières premières brutes, notamment agricoles. L’Inde, par exemple, s’approvisionne également en fèves de soja, tout comme la Chine, qui diversifie progressivement ses achats.
Ainsi dit, l’Asie est devenue le principal débouché des produits béninois, avec une place hégémonique du Bangladesh. Pendant ce temps, la France, autrefois perçue comme un partenaire économique central, reste absente du podium des pays clients du Bénin. Une réalité économique qui invite à une lecture plus fine des dynamiques commerciales internationales actuelles.
Gildas AHOGNI