Le 05 Mars 2024, l’Assemblée Nationale du Bénin a amendé plusieurs dispositions du Code Electoral de 2019. Rejeté par l’opposition parlementaire et quelques députés de la majorité présidentielle, décrié par une grande partie de la société et des citoyens, il a été pourtant jugé conforme à la constitution. Mais depuis, la hargne et la contestation ne faiblissent pas. Surtout contre neuf articles jugés que tous appellent à la révision.
Au total, 09 articles du Code Electoral sont dénoncés à cause des dispositions qui y sont inscrites et qui, selon l’opposition et une bonne frange de la société civile, conduiront le Bénin dans un K.O postélectoral pire que ceux de 2019, 2020 et 2021. Selon des responsables de l’opposition, il s’agit notamment des articles 17, 32, 42, 62, 66, 93, 132 nouveau, 146 nouveau et 210 nouveau. Ces articles sont, selon elle, les sources potentiellement dangereuses de crises et surtout d’exclusion. En 2019, 2020 et 2021, le régime de la rupture a exclu les partis de l’opposition de toutes les élections en mettant en place des dispositions que seuls les partis de la mouvance présidentielle ont été capables de respecter. Le récépissé, le certificat de conformité, le quitus fiscal, les fautes mineures… avaient alors servi à l’exclusion. Et comme si cela ne suffisait pas, ce code déjà exclusif a corsé les conditions de participation aux prochaines élections.
Dans ce code, le nombre de parrain pour les candidats à l’élection présidentielle est porté de 16 à 28 soit le nombre exact d’élus dont dispose le principal parti de l’opposition notamment les Démocrates. Aux élections législatives, seuls les partis ayant réaccueilli au moins 20% de suffrage dans chacune des 24 circonscriptions électorales seront éligibles à l’attribution des sièges, contre 10% sur le plan national aux dernières élections qui n’ont pu compter avec cette condition que trois partis politiques au parlement. Une aberration que dénonce l’opposition jusqu’ici inaudible par le régime de la rupture. Pire, les feuilles de dépouillement et les procès verbaux des les bureaux de vote tels que prévus par ce code est source de fraudes électorales qui pourraient déboucher sur des débordements le soir des élections.
De toute évidence, le code électoral voté le 05 Mars 2024 par la majorité parlementaire ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique et est encore plus dénoncé par les confessions religieuses, les confédérations et centrales syndicales, les organisations de la société civile, bref par toutes les forces vives de la nation qui craignent les conséquences de sa non relecture avant les échéances de 2026. « Ce code vise le K.O et c’est pour cela que nous ne cessons d’alerter l’opinion publique nationale et internationale », fait savoir Guy Mitokpè, Secrétaire à la communication du parti Les Démocrates, au cours d’une séance d’échange avec les journalistes il y a quelques jours au siège dudit parti. A cause des dispositions exclusives et crisogènes de ce code, le Bénin organisera des élections locales et législatives le même jour pour avoir des maires mais pourrait se retrouver sans députés parce qu’aucun parti politique n’a réussi à obtenir les 20% de suffrage par circonscription électorale nécessaire pour l’attribution des sièges. Par les dispositions inscrites dans les 09 articles, le code électoral en vigueur au Bénin annonce des moments très sombres pour la démocratie béninoise. La paix et la quiétude sociales qui ont déserté le forum depuis 2016 risquent d’être plus encore compromises.