Le samedi 14 juin 2025, le Chant d’Oiseau de Cotonou a servi de cadre pour le lancement de l’ouvrage ‘’Le Procès « Démocratie et Bureaucratie » dans le jury Lefort et Weber, Généalogie conceptuelle et analyse de terrain’’ du Père Arnaud Eric Aguénounon. Cette réflexion scientifique, accouchée sur 144 pages, a été publiée chez L’Harmattan dans la collection Ouverture philosophique. Elle est organisée en trois parties dont la A s’intitule La démocratie comme lieu vide critique la bureaucratie, la B les éléments spécifiques de la bureaucratie moderne et la C les analyses de terrain. Ces trois blocs sont encadrés par une introduction et une conclusion et il ne sera pas convenable de boucler cette description de la structure de l’œuvre sans mentionner l’excellente préface de Nicolas Poirier et la magistrale postfase de Constant Sinzogan. La cérémonie a réuni entre autres plusieurs autorités politico-administratives, invités, parents, députés à l’Assemblée nationale, les universitaires et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Bruno Amoussou.
Hugues Hector Zogo, le présentateur de l’œuvre a déclaré que l’ouvrage, publié aux réputées Editions L’Harmattan dans la collection Ouverture philosophique, porte un titre pour le moins évocateur. Le procès, démocratie et bureaucratie dans le jury Lefort et Weber. Il s’est plongé avec un plaisir non dissimulé dans le labyrinthe conceptuel que le père Arnaud Éric Aguénounon nous propose, « Un labyrinthe où démocratie et bureaucratie dansent une valse aussi complexe que la pensée de Lefort et Weber, deux géants que tout un chacun de nous se doit de connaître, ou du moins de connaître par cœur si l’on veut prétendre comprendre ce qui se trame dans le théâtre du pouvoir », a-t-il indiqué. Le présentateur de cette œuvre a affirmé que « l’auteur nous invite à assister à ce qu’il qualifie pudiquement de procès ».
Mais, pour Hugues Hector Zogo, « ne nous y trompons pas, ce n’est pas une simple audience, c’est une véritable mise en accusation, un jugement critique sur la façon dont la démocratie moderne, dans ses formes les plus élaborées ou les plus dégradées, se voit confronter à la bureaucratie, cette amie ou ennemie, selon les moments, qui semble avoir plus d’un tour dans son sac de ficelles administratives ». Pour lui, « le titre lui-même, Le Procès démocratie et bureaucratie dans le jury Lefort et Weber annonce la couleur ». C’est pour cela, dit-il , «il faut s’attendre à un duel intellectuel où la démocratie n’est pas, comme on pourrait le croire naïvement, la règle d’or, mais plutôt la scène d’un procès, d’un combat, d’une tension insoutenable entre ce que Lefort appelle le lieu vide et la bureaucratie, incarnation ultime de l’affiliation au plein à la fixité, à la stabilité figée du pouvoir, la généalogie, une expédition dans les abysses conceptuels ».
« Ici, le philosophe politique, Père Arnaud Eric Aguénounon, un véritable explorateur des idées, nous propose une généalogie de ces deux notions, le lieu vide démocratique et la bureaucratie, comme si l’on remontait le fil d’une tapisserie hantée par les ombres du passé » a-t-il déclaré avant de conclure : « Et comme, dans tout bon tribunal, le verdict, mes chers amis, ne tardera à tomber, la démocratie ne doit pas mourir dans les cartons de la bureaucratie. ».
Le Père Eric Aguénounon a fait savoir que ce présent lancement du livre « Le Procès, démocratie et bureaucratie, dans le jury Lefort et Weber, généalogie conceptuelle et analyse de terrain », «voudrait d’une part nous constituer en un corps social alerte, éveillé, créatif et d’une part rappeler à notre mémoire patriotique les piliers et les poutres qui stabilisent une société démocratique ou une société aspirant à l’état de droit et refusant radicalement l’état de loi ». La parution de ce nouveau livre à Paris, le 21 avril dernier, aux éditions L’Harmattan, collection ouverture philosophique, dit-il ; est le fruit matériel de son amour intellectuel pour Claude Lefort et Max Weber.
Les principes tirés de l’ouvrage
Dany Ayida, parrain du lancement de l’ouvrage a fait dans ce nouveau livre du Père Aguénounon, les constats par rapport à certaines principales méthodes de gouvernance démocratique. Il y en a identifié quatre principalement. Le premier principe se rapporte au fait de maintenir le lieu vide du pouvoir face à l’appropriation personnelle. Selon lui, le raisonnement du Père Éric Aguénounon est que le principe fondamental du livre tiré de Claude Lefort est que le pouvoir dans une véritable démocratie devait être un lieu vide. Le pouvoir devait être un lieu vide. Une instance symbolique où aucun individu ou groupe ne peut s’approprier ou incarner de manière permanente. Ce concept s’oppose explicitement au pouvoir personnalisé, à la monarchie ou au totalitarisme où le pouvoir est incorporé au prince. Le livre soutient que la démocratie moderne échoue souvent à cet idéal car les élites politiques et la bureaucratie ont tendance à concentrer le pouvoir et à traiter la richesse nationale comme, un cadeau à partager.
Quant au deuxième principe, est selon le parrain, de promouvoir la participation citoyenne active et un contre-pouvoir vigilant. Le raisonnement suivi par l’auteur, dit-il, c’est que la vision de la démocratie de Lefort favorise une agora de libre discussion. C’est une citation de confrontation, de lutte syndicale et de soulèvement populaire. Cela vise une plus grande participation démocratique au-delà de simples élections. Le peuple est considéré comme le pôle du non-pouvoir, ce qui signifie qu’il ne cherche pas à gouverner directement, mais défend continuellement les droits, les libertés et sert d’institution de contre-pouvoir.
Le troisième principe tiré du livre du père Éric Aguénounon, c’est celui de privilégier le bien commun sur l’intérêt personnel et la corruption. Dany Ayida a signifié que le livre critique l’expertocratie et la technocratie pour avoir parfois réduit la sphère démocratique en privilégiant les solutions techniques à la médiation politique et aux considérations humaines. Il affirme explicitement que la posture des groupes de réflexion s’y oppose souvent en tenant compte des aspects de développement humain, social et durable, engagés dans la promotion du mieux-être de tous et du bien commun. Alors, le livre, pour l’analyse, affirme-t-il , condamne fermement la corruption endémique et la confiscation oligarchique des pouvoirs populaires où la richesse nationale est considérée comme un gâteau à partager entre les élites.
Le quatrième et dernier principe se rapporte au fait de favoriser la compétence de l’administration dépolitisée et la vision à long terme. Ce livre, selon ses propos promeut une administration fondée sur la qualification professionnelle et le mérite et non sur l’affiliation politique ou ethnique, appelant à la dépolitisation de l’administration et à l’excellence par département. Il met en avant la vision à long terme. Des groupes de réflexion s’opposant aux vues à court terme des bureaucrates. L’administration de terre signifie que la politique doit être basée sur les expériences de terrain et les besoins des citoyens.
Les encouragement des personnalités dont le président Bruno Amoussou
L’ancien ministre Ganiou Soglo a déclaré que le Père Aguénounon est courageux et qu’il a hâte de lire ce nouvel opus. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bruno Amoussou a , de son côté salué la démarche du philosophe politique. « Ce qui m’intéresse aujourd’hui principalement, c’est que nous puissions avoir des personnes, des intellectuels, qui réfléchissent sur notre situation et qui, sur le plan philosophique, sociologique, sur les différents plans de la vie sociale, disent leur point de vue. Parce que c’est la collection, c’est l’examen, c’est l’assimilation de leurs réflexions qui peut nous permettre de définir la ligne que nous pourrions emprunter, que nous n’avons pas encore trouvé de nos points de vue », a martelé Bruno Amoussou avant d’ajouter : « Qu’il soit attaqué, qu’on le critique. Si vous ne voulez pas ça, restez chez vous. Donc, si vous vivez dans l’espace public et que vous exprimez des opinions, forcément, vous aurez un nombre de commentaires plus ou moins agréables ou quoi que ce soit. Mais c’est comme ça que nous pouvons avancer. Ma plaidoirie en sa direction est qu’il continue. Qu’il continue sa réflexion sur notre société ».