Le gouvernement militaire malien a récemment saisi 3 tonnes d’or appartenant à la société canadienne Barrick Gold, une mesure radicale qui s’inscrit dans un différend sur les revenus miniers et les nouvelles régulations. Cette saisie, d’une valeur estimée à 180 millions de dollars, traduit les tensions croissantes entre le Mali et les entreprises étrangères opérant sur son sol.
Au cœur de ce conflit se trouvent des accusations de non-conformité de Barrick au nouveau code minier malien de 2023. Le gouvernement, déterminé à renforcer son contrôle sur ses ressources naturelles, exige une application rétroactive de ce code. Ce que la société conteste fermement.
De plus, le Mali reproche à Barrick un manque de transparence dans ses opérations financières. Un mandat d’arrêt international a été émis contre le PDG de l’entreprise, Mark Bristow, pour blanchiment de capitaux, bien que les preuves n’aient pas été rendues publiques. L’État accuse également la société de ne pas avoir versé une part équitable des revenus miniers, justifiant la saisie de l’or comme une réponse légitime pour défendre ses intérêts économiques.
Les enjeux économiques
La situation met en lumière des enjeux cruciaux pour le Mali, quatrième producteur d’or en Afrique, où les recettes minières représentent une part importante de l’économie. Le complexe Loulo-Gounkoto, exploité par Barrick, génère entre 5 et 10 % du PIB national et emploie environ 8 000 personnes. En 2022, il a rapporté 263 millions de dollars à l’État en impôts et redevances, mais ce chiffre est en baisse de 12 % par rapport à l’année précédente.
Toutefois, ces mesures drastiques risquent de compromettre l’attractivité du Mali pour les investisseurs étrangers. En novembre 2024, une autre entreprise minière, Resolute Mining, a payé 160 millions de dollars pour résoudre un différend fiscal après l’arrestation de son PDG. Si ces actions renforcent la souveraineté économique, elles suscitent des inquiétudes sur la stabilité juridique du pays.
À travers ladite saisie, le Mali cherche à maximiser les bénéfices tirés de ses ressources naturelles tout en affirmant son autorité. Mais la quête de souveraineté économique devra être équilibrée avec des garanties pour les investisseurs, sans quoi les conséquences économiques pourraient être dévastatrices pour un pays déjà confronté à la pauvreté et à l’insécurité.
Ezéchiel Dagbégnon Padonou