Depuis la désignation du duo Wadagni-Talata par la mouvance pour la présidentielle de 2026, il ne se passe plus un jour sans assister à une signature d’accord de gouvernance ou de législation entre les différents partis du camp de Patrice Talon et même la Fcbe qui était jusque-là une formation politique se réclamant de l’opposition. Même si le Code électoral voté en mars 2024 l’autorise, tout porte à croire qu’une main se trouve derrière ces unions qui vont dans tous les sens.
C’est désormais un secret de polichinelle que le parti Force cauri pour un Bénin Émergent de Paul Hounkpê a établi depuis quelques jours un accord de gouvernance et de coalition parlementaire avec les deux grands blocs de la mouvance notamment l’Union progressiste le Renouveau et le Bloc Républicain. Quelques heures plus tôt, c’est Abdoulaye Bio Tchané et Joseph Djogbénou qui ont paraphé et échangé un lot de documents marquant ainsi la mise en place d’un accord entre les deux grandes formations de la mouvance. Il n’y a point de doute que les partis politiques Renaissance Nationale de Claudine Prudencio et Moele Bénin de Jacques Ayadji seront très bientôt piqués par la mouche des accords de gouvernance et de coalition parlementaire. D’ailleurs, les signes donnent déjà la primeur. Les délégations des deux partis à faible électorat de la mouvance ont été aperçues ces derniers jours dans les locaux de la formation l’Union progressiste le Renouveau, ce qui présage qu’ils suivront très bientôt les pas des trois autres.
Toutefois, ces accords de gouvernance qui s’établissent la plupart sans la prise en compte de l’avis de la base suscitent des interrogations notamment sur les réelles motivations des responsables ou sur l’influence d’une certaine main noire servant de télécommande. S’il est vrai que le Code électoral adopté en mars 2024 autorise, dans une disposition, les partis politiques à conclure entre eux des accords de gouvernance, mais pas formellement des alliances électorales, il n’en demeure pas moins vrai qua la manière dont les accords sont signés avec une certaine célérité laisse entendre des non-dits. Il faut rappeler que Patrice Talon a annoncé la création d’un cadre de concertation regroupant les partis de la mouvance afin de mieux coordonner les actions politiques, la stratégie et la préparation des élections, ce qui pourrait faire croire aux avertis que tous ces mouvements sont surveillés et coordonnés depuis le sommet de la mouvance. Par ailleurs, toutes ces manœuvres visent à affaiblir l’opposition et à amener les partis de la mouvance à contrôler le champ politique, même s’ils ne prennent pas encore conscience de la grande bataille qui s’annonce entre eux à la recherche du pourcentage requis pour l’effectivité de l’accord de gouvernance ou de coalition parlementaire. L’autre chose qui laisse penser que les partis établissant des accords ne font que suivre des instructions est qu’il n’apparaît pas publiquement de rivalités majeures ou de refus catégorique d’un parti de la mouvance quand il s’agit de participer à ces accords, ce qui suggère que le pouvoir détient une forte capacité d’orientation ou de contrainte. Tout contrevenant aux directives pourrait s’exposer aux sanctions ou perdre son électorat. Pour finir, le discours est le même pour tous les partis qui sont alliés par des accords, celui de permettre une continuité de la dynamique sans pour autant prendre en compte les aspirations de la base et des mandants et les idéaux du parti.
Mohamed Yèkini