L’État est-il au service de l’homme ou l’inverse ? Cette interrogation a traversé l’atmosphère studieuse du Club de Culture Juridique de Zogbadjè, à Abomey-Calavi, où s’est tenu, ce mercredi 27 août 2025, le lancement officiel du livre « Brûlures du pouvoir ». L’ouvrage, signé par le juriste et spécialiste en droits humains Conaïde Akouèdenoudjè, propose une plongée critique dans les rapports souvent douloureux entre pouvoir, justice et dignité humaine.
Composé de 95 pages, « Brûlures du pouvoir »se présente comme un recueil de récits, d’analyses et de témoignages sur la manière dont l’autorité publique, en Afrique comme ailleurs, laisse parfois des cicatrices profondes sur le corps social. De « Terre volée, mère perdue » à « Une balle dans le cœur », en passant par « Les murs qui rongent » et « Le délit de journalisme », l’auteur y explore avec lucidité les excès, les dérives et les failles d’un État qui, lorsqu’il se détache de la dignité humaine, devient un « monstre froid ».
En effet, le livre ne se limite pas à une dénonciation. Il offre également un espace de réflexion sur l’engagement citoyen et sur la nécessité de replacer l’humain au centre du développement. À travers des exemples concrets, comme la criminalisation de certains journalistes ou l’irresponsabilité chronique dans la gestion publique, l’auteur appelle à un sursaut collectif pour que justice, démocratie et droits humains cessent d’être de simples slogans.
La motivation de l’auteur
Intervenant lors de la cérémonie, Conaïde Akouedenoudje a confié la raison profonde de son écriture. « J’ai parlé d’un État imaginaire dans lequel beaucoup de choses se passent en matière de droits humains. Mais cet État imaginaire reflète, en réalité, nos propres réalités. Ce livre est un miroir. Il est un scannage de notre société et doit nous servir de point de réflexion », fait-il savoir. Selon lui, l’autoritarisme en progression sur le continent impose d’inventer d’autres chemins que la tentation autocratique. Loin de l’idéalisme, son ouvrage ambitionne de confronter les citoyens à leur quotidien et de rappeler l’urgence de protéger la liberté de la presse et l’indépendance de la justice. « Il faut travailler pour que les journalistes puissent exercer sans crainte, et que les juges, en dépit des contraintes, restent fidèles à leur conscience », a-t-il insisté.
Un parcours engagé
Doctorant en droit public, Conaïde Akouedenoudje est reconnu pour sa passion indéfectible en faveur des droits humains et de la démocratie. Juriste de formation, il a orienté ses recherches et son action vers la défense de la dignité humaine, convaincu que la puissance publique n’a de sens que lorsqu’elle s’exerce au bénéfice du peuple. Ses écrits et interventions traduisent une sensibilité particulière à l’égard de la liberté d’expression et du rôle du juge dans l’équilibre démocratique. À travers « Brûlures du pouvoir », il ne se contente pas de retracer des faits marquants du passé récent, notamment ceux de Nata ou d’autres terrains africains. Il met en lumière l’interface entre les ambitions politiques et la réalité vécue par les citoyens, avec un style accessible qui mêle témoignages, analyses juridiques et réflexions philosophiques.
La cérémonie de lancement, ponctuée de dédicaces, a pris des allures de véritable festin intellectuel. Les participants, majoritairement des étudiants, universitaires et passionnés de droit, ont salué la pertinence de l’ouvrage, qui se veut à la fois un outil de compréhension et une invitation à l’action.
« Quittons les grandes idées pour revenir à l’essentiel : la dignité humaine », a martelé l’auteur en conclusion. « Brûlures du pouvoir « apparaît ainsi comme une œuvre charnière, appelée à nourrir les débats sur la gouvernance, la justice et la démocratie, bien au-delà des frontières béninoises.
Gildas AHOGNI