Parakou, ville carrefour et locomotive du septentrion, fait face à une crise silencieuse mais meurtrière : l’effondrement progressif de ses ponts et ouvrages de franchissement. A Chaque saison pluvieuse, des milliers d’habitants bravent le danger pour traverser des infrastructures délabrées, fissurées, ou complètement détruites. Pourtant, face à cette urgence criante, les autorités locales et nationales restent muettes, comme si la vie des citoyens valait moins que des discours de promesses vides.
Le pont de Mouzdalifa, reliant Banikanni à Titirou, s’est récemment effondré sous le poids des pluies diluviennes, emportant avec lui motos et parfois même des personnes. Aujourd’hui, il ne reste qu’un passage de fortune, instable, qui menace à tout instant de faire d’autres victimes. Le pont de Dama, tout aussi crucial pour les usagers, montre des signes inquiétants de fragilité : affaissements, fissures, affleurements d’eau et absence totale de balisage ou de signalisation. Même constat pour le pont de Kpérou Guerra, rongé par le temps et l’abandon, dont la structure donne des frissons à chaque passage. Quant à celui d’Orouguéréra, il illustre parfaitement l’inaction chronique des autorités : chaque saison des pluies enfonce un peu plus sa base dans le néant, avec des risques évidents pour les usagers. Et ce ne sont là que les cas les plus visibles.
D’autres ouvrages secondaires, disséminés dans les quartiers périphériques de la ville, sont dans un état de dégradation avancée, sans que personne ne semble s’en soucier. Les dernières pluies n’ont fait qu’exacerber cette situation déjà catastrophique. Des images circulent sur les réseaux sociaux montrant des motos emportées par les flots, des enfants piégés entre deux rives, et des familles obligées de faire des détours longs et risqués pour atteindre leur destination. Ce n’est plus une simple négligence, c’est une faillite flagrante de l’action publique. L’inaction des autorités est devenue complice du danger.
Chaque retard, chaque silence, chaque détour de regard équivaut à un permis de tuer silencieux.
Il est inadmissible que Parakou, ville stratégique, soit traitée avec autant de désinvolture en matière d’infrastructures de base. Il est temps que la mairie de Parakou, le ministère des Infrastructures, les services techniques et les représentants du gouvernement prennent leurs responsabilités. Un audit technique indépendant, un plan d’urgence clair et financé, une communication transparente et surtout des travaux concrets sont attendus.
Trop de vies sont en jeu.
Il ne s’agit pas d’un luxe ou d’un caprice, mais d’une exigence vitale. Car il n’est pas acceptable qu’en 2025, dans une ville aussi centrale que Parakou, l’on meure encore en tentant de traverser un pont. Le silence des autorités est devenu un crime par omission. Il est temps d’y mettre fin.
A. Kérin