Un peu plus de trois mois du début des dépôts des candidatures pour la présidentielle de 2026, les prétendants au titre de successeur de Patrice Talon ne semblent être trop pressés. Seules quatre personnes ont déjà fait savoir leurs intentions. Tous sont des candidats annoncés hors du cadre des partis politiques. Dans un contexte politique et partisan vicié par les dispositions du nouveau Code Electoral, ces candidatures annoncées hors du cadre partisan ont-elles des chances de prospérer ?
Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Achille Pacôme Loko, Daniel Edah et Léonidas Hounton, tels sont les quatre Béninois qui ont déjà annoncé leurs candidatures pour l’élection présidentielle d’Avril 2026. Une mosaïque dans laquelle on trouve le plus populaire des panafricains du moment Stellio Gilles Robert Capo Chichi connu sous le surnom de Kemi Séba et des grands inconnus comme Achille Pacome Loko et Léonidas Hounton. Le premier est un béninois de la diaspora vivant aux Etats-Unis et le second est un fonctionnaire, expert international, dit-il, en passation des marchés publics. Quant à Daniel Edah, fonctionnaire international ayant servi pendant des années à l’Organisation Internationale de la Francophonie(OIF), il est connu du public béninois pour avoir été candidat à l’élection présidentielle de 2016 remportée par Patrice Talon. Le premier, Stellio Gilles Robert Capo Chichi connu sous le nom de Kemi Séba a annoncé sa candidature le 05 janvier dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux comme la plupart des vidéos du panafricaniste anti-occidental. Même s’il liait sa candidature au parti de l’opposition Les Démocrates, il ne ferme pas la porte à d’autres possibilités. « La première option sera que le parti d’opposition Les Démocrates de l’ancien président Boni Yayi, nous porte candidat à l’élection présidentielle de 2026, car c’est le seul parti politique de l’opposition qui a le nombre de parrainages suffisant pour accéder aux élections, » explique Kémi Séba. Si la première option ne marche pas, il prévoit de créer une grande coalition pour exiger la révision du code électoral qu’il qualifie de « corrompu » avec pour seul l’objectif « d’exclure les véritables opposants ». « La dernière option, certains diront peut-être, la plus importante, c’est une triangulation des forces appelée l’Opération Jéricho qui s’appuiera sur une base tripartite. Une logique de mobilisation, de contestation populaire, et une prise de responsabilité de ceux qui sont habilités dans le pays à faire basculer les choses pour que le peuple puisse reprendre le pouvoir » avertit Kémi Séba. Il sera rejoint environ deux mois plus tard, soir le le 04 mars 2025 par Achille Pacome Loko qui dit aussi vouloir être le candidat du parti Les Démocrates. « Face au recul des acquis de la Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, la restriction des libertés publiques, l’état délétère de la situation nationale, des pratiques dictatoriales du pouvoir de la rupture, le devoir m’appelle », avait-affirmé. Seulement voilà, trois jours plus tard, le parti s’est fendu d’un communiqué dans lequel il dénonce l’utilisation abusif de son logos et le met en garde des sanctions éventuelles qu’il pourrait encourir. On se rappelle très bien, lors de sa déclaration de candidature du 04 mars, on pouvait apercevoir le logos du parti derrière lui.
Le 29 mai, c’est le tour de Daniel Edah de leur emboîter les pas. Dans une déclaration faite sur les plateaux de la télévision privée Canal3, il annonce officiellement et sans grande surprise sa candidature. « Je suis candidat avec une vision, celle d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor », avait-il affirmé. Déjà le 09 mars 2024, il avait lancé le livre « Nous le ferons » dans lequel il expose sa vision pour le Bénin et l’Afrique.
Le dernier à avoir déclaré sa candidature est Léonidas Hounton. « Chers sœurs et frères, après moult réflexions et questions sur notre présent et notre commun devenir que chacun de nous peut entrevoir a l’aulne des faits qui font notre actualité, j’ai décidé de répondre à l’appel du cœur », a-t-il affirmé. Ce fonctionnaire d’Etat, expert international en marché public est, à l’opposé des trois premiers, le seul à avoir annoncé sa candidature dans la perspective d’une continuité des œuvres de Patrice Talon dont il loue les œuvres et salue les résultats obtenus. « Tous les signaux sont au vert », a-t-il ajouté.
Hors système
Mais à dire vrai, l’aboutissement de ces candidatures s’annonce malaisé. Bien que la candidature à l’élection présidentielle soit un projet individuel, elle doit être portée par des partis politiques. Aux termes des dispositions du Code Electoral de mars 2024, seuls les partis politiques ayant un nombre requis de parrains, vingt huit au minimum, peuvent présenter des candidats à l’élection présidentielle. Seuls trois partis répondent à ce critère. Il s’agit de l’Union Progressiste le Renouveau(UP-R), du Bloc Républicain(BR)et des Démocrates. La loi interdit aux parrains qui sont les députés et les maires de parrainer un candidat autre que celui choisi par leurs partis. En termes clairs, aucun des quatre ne pourrait bénéficier du parrainage ni de l’UP-R, ni du BR, ni des Démocrates s’il ces partis ne les désignent comme leurs candidats. Les fiches de parrainage doivent être cosignées par les parrains et les présidents des partis, en l’occurrence Joseph Djogbénou, Abdoulaye Bio Tchané et Boni Yayi, dans l’ordre des partis politiques cités. A trois mois du dépôt des candidatures pour la présidentielle, les trois partis concernés- les FCBE ne pouvant soutenir que le candidat de l’un des 3 autres partis après un accord de gouvernance conclu a priori – se surveillent. Aucun d’eux n’a osé entamer la procédure de désignation de leur candidat. Et d’ailleurs, ils sont préoccupés par les élections législatives et leurs survies politiques au parlement à partir de Février 2026. Les mêmes amendements du Code Electoral intervenus en mars 2024 avaient également corsé les conditions d’obtention des sièges de député en disposant que les partis doivent avoir 20% de suffrage dans toutes les 24 circonscriptions électorales avant d’être admis au partage des sièges. Et d’ailleurs, l’annonce d’une candidature au sein de la majorité présidentielle s’est révélée comme une opération à haut risque à cause de la répression qui s’est abattue par le passé sur tous ceux qui ont voulu se lancer dans cette aventure. Dans un contexte aussi fermé, et en l’absence d’une éventuelle possibilité d’amender le Code Electoral, il n’y a pas trop de chances pour les candidatures individuelles d’aboutir. Elles resteront à l’étape de projet sauf si les porteurs arrivaient à avoir la couverture de l’un de ces trois partis.