Reçu dans l’émission “Géostratégie” de Radio Bénin animée par le journaliste Gédéon le samedi 11 janvier 2025 sur le thème “ Vodun”, le Père Arnaud Eric Aguénounon a levé un coin de voile sur la distance entre le vodun et la religion chrétienne. “Pour ma part, c’est une relation très pacifique, une relation de continuité parce que le questionnement de nos ancêtres était un questionnement posé sur le Dieu unique, l’être suprême. Et donc ce questionnement trouve aussi son aboutissement dans la religion catholique ou la religion chrétienne qui nous oriente vers un Dieu unique” a laissé entendre le Père Aguénounon. Selon lui, “ il s’agit d’une continuité, continuité qui est aussi une rupture”. Car dit-il, “on ne peut pas être à la fois prêtre catholique et être prêtre Vodun” d’une part et d’autre part “on ne peut pas être à la fois chrétien catholique et à la fois vodunisans”.
L’Écrivain-Essayiste a indiqué qu’“il faut appartenir à l’une des familles et chaque famille a une relation pacifique, une relation équilibrée”. Il a expliqué qu’“ il y a un élément qui est très important,”. Cet élément selon le philosophe politique est que “l’Église catholique est une Église où pour être prêtre, il y a toute une sélection, toute une formation, une formation très élitiste”. Il a révélé que “durant la formation, 80% des mémoires des prêtres soit pour la licence en théologie ou en le master en théologie ou le doctorat en théologie sont souvent des travaux qui portent sur la culture” et qu’“ il y a beaucoup de mémoires et de thèses sur nos cultures”. Il a cité Monseigneur Adoukonou qui a fait ce travail là, le Père Jacob Agossou, le Père Moïse Adékambi qui a fait un travail sur le Fa.
Pour le Père Eric Aguénounon, “le prêtre catholique est celui qui réfléchit sur la culture et fait ressortir de la culture, de notre culture, les pierres d’attente de la raison et de la foi pour l’émergence d’une civilisation, d’une société plus rayonnante, plus radieuse, une société debout qui forme un seul homme, qui est prêt pour le développement, qui est aussi prêt à s’affirmer, à s’affirmer comme une communauté unie, solidaire, vraie, sincère et capable d’aller de l’avant”. Le spécialiste des relations internationales a précisé dans son développement qu’ “ il y a un ministère dans l’ Église qu’on appelle le dialogue inter-religieux , le dialogue avec les cultures”. Il a fait savoir que “dans le concile Vatican II , il y a un texte phare qui parle des autres religions et des autres cultures” . L’Ecrivain-Essayiste a rappelé que “le Pape Jean-Paul II est venu au Bénin” et il a échangé avec les dignitaires des religions endogènes. Quant au Pape François, affirme-t-il, “quand il va dans chaque pays, il rencontre les autres personnalités des autres cultures “. En fait selon lui, “la religion catholique est de la religion de la paix, ouverte, une religion qui est toujours en train de faire sa métanognard”.
Syncrétisme religieux
Se prononçant sur le syncrétisme religieux, le Père Aguénounon a déclaré que “ du point de vue de la systématique théologique, le syncrétisme n’est pas une bonne chose”. Il a expliqué que “le syncrétisme est le mélange de deux rites, le mélange de deux initiations “et qu‘”on ne peut pas avoir à la foisdeux maîtres” et “deux baptêmes, deux initiations”. Pour lui, “soit on est initié à la religion catholique, chrétienne ou musulmane et l’on pratique cette religion-là soit on est animiste, vodunisan et puis on évolue dans la pratique”. “Alors que le syncrétisme, c’est plutôt que celui qui est chrétien ou même musulman va puiser des ingrédients dans la religion endogène pour en faire des filtres, des talismans ou pour en faire des éléments de force pour se donner une force de survie, une force aussi parfois pour écraser, pour dominer” a révélé le philosophe politique. Pour ce dernier, “c’est à travers ces éléments confisqués à la religion endogène pour des faits négatifs que le syncrétisme prend tout son sens”.
Par contre, l’Écrivain-Essayiste a affirmé qu’“on peut appartenir à l’une ou l’autre des religions et s’entendre bien évidemment”. “Moi pour mon cas, le nom Aguénounon signifie gardien du fétiche. La grande partie de ma famille est une famille vodunisante. Mais, cela n’empêche pas Dieu de tirer un prêtre dans cette culture là. Ma mère est de Porto-Novo et je sais que dans cette famille-là à Porto-Novo, il y a les revenants. Mais, le Seigneur tire un prêtre de ce milieu-là, et ce n’est pas par parce qu’il a pris un prêtre qu’il va redonner encore le prêtre à la famille. Le mouton qui est donné, on ne le reprend pas“ a-t-il signifié. Donc pour le Prêtre, “le syncrétisme, c’est de donner et de reprendre”. Il a précisé que “ celui qui est vodunisan ne peut pas être enterré par les catholiques” et que “ quelqu’un qui est catholique ne peut pas être enterré par un vodunisan”. “ Il y a des rites à respecter,” a-t-il lâché avant d’ajouter : “les religions entre elles respectent leurs rites mutuels”.
Pour le Père Eric Aguénounon, “le dialogue n’est pas au niveau des rites” mais “le dialogue est au sujet d’un élément extérieur aux religions et vers cet élément -là, elles se convergent : la paix, la fraternité, la solidarité, la justice, la concorde, le développement, le respect du bien public “. Vers ces éléments-là, dit-il, “on peut tous converger” et que “c’est-là, le dialogue interreligieux”. Il a fait savoir qu’”au niveau des rites, il croit que “c’est ce qu’il y a de plus systématique et de carré dans chaque religion “.