Des générations d’Africains- dont la mienne – ont été emberlificotées par des leçons d’histoire bien loin de la réalité. Nos cerveaux ont été forcés à enregistrer qu’un certain Victor Schoelcher aurait aboli l’esclavage. Des années après, les détails de l’histoire et les nuances ont renforcé nos réserves face à l’histoire que nos bourreaux nous ont conçue et apprise. On s’est rendu compte avec le temps que l’esclavage n’avait été guère aboli. Et que mieux, il a été remplacé par la colonisation qui semble avoir fait autant de dégâts que l’esclavage. Dans les années 60, les indépendances nous ont donnés l’illusion d’un affranchissement avec les discours triomphalistes de nos dirigeants d’alors. On croyait avoir si bien fait. Mais, les complicités, les deals, les trahisons ont vite fait de transformation l’indépendance en une forme pernicieuse de l’asservissement. Cette fois-ci, les bourreaux ne sont plus des blancs mais nos frères qui ont pris leurs places et qui, malheureusement, ont appris à agir comme eux en continuant à persécuter et à asservir.
Ils n’ont d’ailleurs pas trop tardé à renouer les liens avec leurs prédécesseurs qui les ont enseignés et inculqués la doctrine de la soumission.
La dernière décision prise par le gouvernement dans le secteur agricole confirme cela. Les nouveaux seigneurs, fiers de leurs talents et de leurs cruautés, ont pris une décision grave. Tous les agriculteurs béninois sont donc passés du régime de travailleurs exerçant un métier libéral à celui d’agents agricoles de l’Etat. Une seule décision aura suffi pour sceller leurs sorts et les transformer en des esclaves agricoles. Ils n’avaient pas fini de se plaindre des nombreuses brimades du même gouvernement qui leur imposait les prix de leurs produits agricoles et les interdisait de les vendre où ils veulent. En plus du fait qu’ils n’ont pas trop de choix pour l’achat et les conditions de paiement des intrants agricoles, ils se retrouvent dans un vrai engrenage où ils doivent produire des fiches et renseigner le gouvernement sur les lieux où ils stockent les produits, les marchés où les vendent. leurs dévolus sur le soja, le même pouvoir oppresseur qu’ils voulaient fuir s’est encore retrouvé sur leur chemin en prenant des décisions pour contrôler la filière soja. L’histoire des fiches ne fait que confirmer sa volonté du gouvernement de mettre sous coupe réglée et ceci définitivement le secteur agricole reconnu comme celui qui emploie la majorité des actifs au Bénin. Ils sont désormais assujettis à la fatwa des quatre interdictions.« Interdiction de choisir leur propre production, interdiction de vendre leur produit agricole à qui ils veulent, interdiction de le vendre au prix qu’ils ont fixé, Interdiction enfin de produire. Car la dite décision n’est qu’une interdiction insidieuse de faire de l’agriculture au Bénin. En effet, les brimades sont si flagrantes et si révoltantes qu’elles ne sauraient laisser pendant longtemps ces paysans sans réaction.
II s’agit d’une sorte d’esclavage agricole comme celui qui a perduré dans les temps anciens où les africains étaient utilisés comme bras valides dans les plantations en Amérique sans aucune volonté de s’opposer à la décision de leurs maîtres. Ils étaient juste considérés comme des animaux humanoïdes utilisés sans pitié.
Dans sa tombe, Albert Tévoédjrè se retournera, lui qui avait affirmé en 1990 avec éloquence et conviction que nous avons vaincu la fatalité.
Cruel sort que celui que le régime de la rupture réserve aux agriculteurs béninois.choix de produire ce qu’ils veulent. Le coton était devenu presque un diktat. Et lorsqu’ils ont décidé de s’en sortir en jetant