« Est-ce qu’il va partir ou ne va-t-il pas partir ? La réponse que j’ai l’habitude de donner est qu’il ne veut peut-être pas partir mais assurément, certainement, inéluctablement, indéniablement, il va partir…», déclare Éric Houndété, ce dimanche 10 Novembre 2024 à Bénin Royal Hôtel à l’occasion de la création du cadre de concertation de l’opposition. En analysant les faits et gestes du chantre de la rupture, tout porte à croire que, soit ce dernier ne veut pas laisser le pouvoir après son second et dernier mandat constitutionnel, soit il opte pour la politique de la terre brûlée surtout pour ses partisans qui aspirent à la magistrature suprême. A moins de deux ans de la fin de son mandat et de la tenue des élections générales dont celles présidentielles, le Chef de l’État béninois maintient sa politique de ruse et de rage sans se préoccuper réellement de sa succession.
La cherté de la vie renforce au jour le jour sa virulence paralysant le pouvoir d’achat des béninois, mais le gouvernement ne prend aucune mesure sérieuse pour juguler cette crise qui n’a que trop duré. En politique, l’atmosphère est très sulfureuse. La peur s’est installée dans tous les camps. Dans l’opposition les potentiels candidats aux différentes élections surtout présidentielles font des calculs et se refusent toute déclaration précipitée ou précoce de candidature qui pourrait amener la « Ruse et la Rage » à leur coller des dossiers pour les disqualifier. A la mouvance présidentielle, les sociétaires de Abdoulaye Bio Tchané et de Joseph Djogbénou ont tous ravalé leurs ambitions version 2026 pour échapper au sort de ceux qui ont déjà essayé et qui ont été anéantis. Au finish, personne n’ose dire à haute voix, pour l’instant, ses ambitions politiques malgré que 2026 s’approche à grands pas. Cette atmosphère de peur déteint négativement sur le bilan politique du régime dont Talon dont les disciples auront la tâche très difficile pour gagner les cœurs des béninois.
Somme toute, les probables candidats de la mouvance aux différentes élections n’ont aucun élément évident et convainquant de langage pour leurs campagnes électorales. Aucun bilan à défendre en 2026 à moins que la gouvernance actuelle change. Depuis 2016, le secteur de l’éducation est soumis à une politique qui par des réformes a plutôt vu ses fondamentaux réduits en miette avec comme conséquence la précarisation du secteur et la paupérisation de ses acteurs en l’occurrence les enseignants. Les libertés syndicales sont en bernes, l’exclusion est devenue le mode de gouvernance politique, le secteur de l’agriculture souffre le martyr avec la crise du soja, de cajou et de Karité. Le Port de Cotonou, autrefois poumon de l’économie béninoise a cessé de permettre au pays de respirer, y compris à ses acteurs. Plusieurs frontières béninoises sont fermées, la diplomatie bat de l’aile et les investisseurs aussi bien nationaux qu’étrangers posent leurs valises ailleurs laissant le Bénin sombrer économiquement, drastiquement. Plusieurs milliers d’emplois sont détruis grâce à la loi dite d’embauche voté par la 8ème législature. Dans chaque foyer béninois, les réformes du gouvernement dit de la rupture ont semé de très mauvais souvenirs qui ne jouent malheureusement pas en faveur de la mouvance dont les potentiels probables candidats auront du mal à vendre leur projet aux béninois qui les ont déjà étiquetés. Joseph Djogbenou et Abdoulaye Bio Tchané des deux partis jumeaux de la mouvance (Up-r et Br) ont donc du pain sur la planche s’ils veulent succéder au président Patrice Talon qui ne veut visiblement et ne fait rien pour faciliter à ses partisans les campagnes électorales. Pour l’heure, les réformes, décisions et actes du président minent le terrain aux candidats de la mouvance au profit de l’opposition qui reste prudent en se refugiant derrière des calculs politiques à n’en point finir.