Doit-on continuer à jouer à l’indifférent et rester silencieux sur ce qu’on observe de façon constante et inquiétante depuis 2016 comme l’une des plus grandes dérives de l’histoire de la police ? Peut-être aurions-nous demain l’assurance d’être en sécurité et la quiétude lorsque ce corps aura fini de décimer une bonne partie de la population. Et qu’au nom de la sécurité, elle continue de créer partout l’insécurité et la frustration sans qu’on ne pipe mot.
On avait à peine fini de déplorer les rapts et les kidnappings de toutes sortes dans lesquels elle a prouvé son expertise et par lesquels elle a réussi à arrêter les opposants politiques qu’on accuse de tout et du contraire de tout. Cette police n’aura jamais bégayé dans son talent de kidnapping : de Rekya Madougou à Joël Aïvo- tous deux arrêtés sur des ponts- en passant par Olivier Boko et bon nombre de prisonniers politiques anonymes.
Nos mémoires si courtes soient-elles n’ont pas encore totalement oublié les horribles bavures qui ont coûté la vie à l’étudiant Théophile Djaho sur le campus d’Abomey-Calavi le 24 mars 2020 et au jeune Martin Hounga à Hêvié le 04 septembre 2023. Bavures jamais élucidées jusqu’à ce jour et laissant des familles dans la douleur. Elles n’oublieront guère les répressions impitoyables et brutales, parfois sanglantes des populations pour le contrôle de casque. Cette opération aura également fait son lot de morts dont un jeune à Sèmè. Elle aura réussi aussi à déposséder certains de leurs moyens de déplacement jusqu’à ce jour sans oublier les traumatismes causés et la phobie pour l’uniforme bleue.
La même police peine à se défendre face aux accusations d’exécutions sommaires fréquentes de citoyens dont les corps sont rarement retrouvés.
Comme si tout cela ne suffisait pas, elle nous montre un de ses numéros dont elle a le génie : Deux bavures en deux jours. La première a eu lieu le mardi 19 novembre à Parakou et la seconde hier 20 novembre à Madécali dans la commune de Malanville. A Parakou, le jeune Fayçal Ouorou a été retrouvé mort sous une moto aux abords d’une rue. Mais ce qu’on aurait pu assimiler à un accident de circulation a été vite démenti par les populations qui confirment avoir vu des policiers molester le jeune homme jusqu’à sa mort. La faute commise aurait été simplement son refus de donner son téléphone portable à l’agent de police qui le lui demandait. Et pour camoufler ce crime, ces policiers ont amené le corps plus loin et le déposer sous une moto afin de le présenter comme quelqu’un qui est mort par accident. A 300Km plus loin, d’autres policiers ouvraient le feu sur les populations qui manifestaient contre le refus d’exportation du riz local vers le Nigéria. Une personne succombe et trois autres sont blessés dont un grave. A cette allure, on se demande bien si le Directeur Général de la Police Républicaine Soumaïla Yaya n’aurait pas instauré une prime à la terreur et à la barbarie pour ses agents, prime qui les motiverait à continuer ces exactions. Soit dit en passé, aucun de ces agents ayant commis ces forfaits n’a été dévoilé, poursuivi et radié. Bien au contraire, il semble recevoir soutien et protection de leur hiérarchie. Seuls ceux ayant molesté le citoyen les filmant à Parakou ont été poursuivis et jugés après le tollé suscité au sein des populations après la diffusion des images dans les réseaux sociaux. Une police dite républicaine est celle qui est au service de la République, qui agit pour l’intérêt commun et qui protège et rassure les populations. Autrement, elle s’apparente à un escadron de la mort dont les membres sont rémunérés au prorata de leur barbarie. Vivement qu’elle ramène la sûreté, comme l’indique son nom originel.