Le film « Dahomey » de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop Dahomey est sorti en salles le 11 septembre 2024. Long métrage, le film est un genre documentaire dans lequel est retracé le récit du rapatriement des 26 objets d’art en novembre 2021 au Bénin après «129 ans d’exil » en France.
Le Docu-fiction a été plusieurs fois en projection libre dans plusieurs pays comme le Bénin et le Sénégal. Le film dont le tournage la été en majeure partie fait à Paris et à Cotonou, a déjà été plusieurs fois projeté. La projection du vendredi 31 mai 2024 sur le terrain de volleyball à l’Université d’Abomey-Calavi est un exemple qu’on peut citer. Les lignes suivantes, sont un extrait d’article –écrit par Annie Gava sur le site Journal Zébuline– qui plonge le lecteur dans le chef d’œuvre.
Le 9 novembre 2021. Paris, le musée du Quai Branly. Des déménageurs au travail. Des emplacements vides. Des gestes délicats. En voyant les premières images du dernier film de Mati Diop, Dahomey, on pense à La Ville Louvre de Nicolas Philibert. Là, les objets ne vont pas dans les salles de restauration mais bien plus loin. 26 trésors royaux du Dahomey partent à Cotonou, la capitale de leur terre d’origine devenue le Bénin. Des statues de bois sont placées dans une caisse tel un cercueil, protégées, emballées comme une mise au tombeau avec le bruit des clous qu’on visse. Et une voix d’outre-tombe, celle de la statue anthropomorphe du roi Ghézo : « Qu’est ce qui m’attend ailleurs ? 26, juste 26, Reconnaîtrai-je quelque chose, me reconnaîtra-t-on ? ». En langue fon, celle que parlent les Béninois. On suit le cortège funéraire dans un long couloir. Retour au pays qui va être commenté poétiquement par la statue royale. Une voix intérieure élaborée par l’écrivain haïtien Makenzy Orcel. Voyage en avion et arrivée au palais présidentiel à Cotonou.
Une volonté de sauvegarde totale du patrimoine culturel africain exilé en France
Dans de nombreuses interviews données par la réalisatrice Mati Diop à plusieurs médias, elle n’a cessé d’affirmer sa volonté pour une restitution d’emblée des objets d’art que les colons ont pillé sur la terre africaine. Si seulement 26 ont pu être restitués, alors qu’ils en restent encore 7000, l’on pourrait dire que même la bataille n’a pas encore été menée. On pourrait croire, comme il en était le cas de l’Italie, au cours de la fin de la première guerre mondiale, la restitution des 26 objets d’art pourrait être qualifiée de « victoire mutilé ». C’est ce que défend la franco-sénégalaise dans ses allocutions. « Il est urgent de restituer tous les trésors volés à l’Afrique » a t-elle déclaré. Pour elle, «la France a rapatrié 26 œuvres et n’a rien restitué. La restitution reste à faire » Également, la jeunesse doit se mettre dans la danse . Elle doit chercher à connaître et à s’intéresser à son patrimoine culturel. Les objets d’arts restitués constituaient l’histoire des artisans hors normes, capables de pousser leurs inspirations à des degrés élevés. L’histoire des peuples qui s’attachaient aux divinités par des cultes, marginalisés par des objets d’art. C’était en tout l’histoire de l’ancien Bénin, Dahomey. Il faut penser à une sauvegarde totale du patrimoine des ancêtres sur la terre béninoise. « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (…) et arrachez votre patrimoine culturel ». Citation de l’homme politique sénégalais, Cheikh Anta Diop.
Ezéchiel Padonou (Stag)