L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) s’est penché pour le 3ème trimestre de cette année 2024 sur le thème : “La coopération internationale : Un regard critique et éthique sur sa contribution au développement”. C’était le jeudi 22 août 2024 au Chant d’Oiseau à Cotonou. L’un des panélistes au débat contradictoire en occurrence le 1er Vice président du parti Les Démocrates, Eric Houndété, en parlant de la place de l’Afrique dans la coopération internationale, a déclaré que “la coopération internationale est devenue, pour les Etats développés ou les puissances, un instrument de compétition entre eux”.
“Vous avez la Russie qui est en compétition avec la France, les autres pays européens et les Américains. Vous avez la Chine qui est en compétition avec l’Europe. Donc chacun a un intérêt à mettre le grappin sur l’Afrique. Ça nous amène à réfléchir sur ce que gagne l’Afrique, ce que perd l’Afrique, ce que gagne les autres et ce que perd l’Afrique par rapport à cet engouement que ces différentes puissances prises isolément plutôt que dans le cadre de l’Union Européenne ou dans le cadre des États américains prises isolement ce qu’ils gagnent à mettre le grappin sur l’Afrique” s’est demandé l’ancien 1er Vice président de l’Assemblée nationale. Pour l’Honorable Eric Houndété, “lorsqu’ on dégage la France ou lorsque la Russie vient et donne les armes pour faire face aux terroristes et quelqu’un était là pour dire qu’il faisait le combat de la lutte contre le terroriste , nous voyons que lorsque nous mettrons en retrait en tant que citoyens ou en tant qu’intellectuel , nous voyons très bien que la compétition entre les États s’installent” et que les Américains, dit-il , “ont mis leur base au Niger avec des privilèges extraordinaires” et le cas du Bénin , dans la zone de chasse , Porga “où une Ong qui est là-bas avec des privilèges diplomatiques extraordinaires, qu’est-ce que ça rapporte?”
L’He Eric Houndété parle des nuances
En abordant sur ce que les pays africains, depuis les indépendances,dans leur quasi totalité, ont contribué à leur développement quand on se réfère aujourd’hui à leur état en souscrivant à cette fameuse coopération internationale, le député Eric Houndété a laissé entendre que “ la réponse est globalement non”. Mais selon lui, “il faut mettre des nuances”. Pour le 1er vice président de la plus grande formation politique de l’opposition du Bénin, la première nuance “est qu’on ne peut pas dire que la coopération internationale est complètement négative”. Quant à la seconde nuance, elle “a permis de faire face à certain nombre de défis et d’engranger quand même des résultats”.
“Depuis 1973, il y a un discours aux Nations unies qui a très bien traduit ce qui se passe. C’est que l’ex président Zaïrois Monboutou qui le disait. Je vais le paraphraser. Il y a des gens qui reçoivent l’aide parce que la coopération en ce moment était essentiellement faite sous forme d’aide et même aujourd’hui dans une certaine manière, c’est de l’aide déguisée. Ceux qui reçoivent l’aide la reçoivent pour enrichir les entreprises et les industries de ceux qui sont des donateurs. Au finish, ils s’appauvrissent pendant que ceux sont supposés donner l’aide s’enrichissent. Quand vous faites le bilan, il n’y a pas eu de grands progrès dans nos États. La coopération à ce niveau pose des problèmes” a-t-il lâché avant de poursuivre : “ Et lorsque vous voyez ceux qui se passent dans les États d’Afrique actuellement notamment au Sahel, les revendications qui sont portées par la jeunesse africaine qui clame de façon vague le panafricanisme ou qui clame la prise en compte de la gouvernance de leur pays, les problèmes qui se posent sont liés à la nature des relations commerciales, économiques, diplomatiques que nous avions eu avec les États comme la France qui vous envoie de l’aide, qui vous impose ses entreprises, qui vous impose d’acheter dans ses industries ou qui vient acheter vos matières premières sans que vous ayez la possibilité de jouir de ces matières premières”.
L’Honorable Houndété a rappelé que “ le Bénin a été riche en pétrole parait-il, il y a quelques années” mais que l ‘impact est difficile de trouver. “ Le Niger est riche en tout mais quand vous allez à Niamey, vous demandez que se passe-t-il ? Le Congo démocratique, vous vous posez la question, qu’est-ce qui se passe ? Congo Brazzaville, vous vous demandez, qu’est-ce qui se passe ? Guinée Équatoriale, vous vous posez la question de savoir qu’est-ce qui se passe ? Le Mali, le Burkina etc. Tous ces pays, c’est des pays qui sont riches, qui ont des accords de coopération technique, qui ont des accords commerciaux, qui ont toute sorte de relations qui devraient normalement permettre à tous ces pays de se relever” a -t-il signifié. Mais selon le constat fait par ce dernier, “c’est que c’est par le biais de certaines entreprises, les ressources sont ponctionnées et la misère reste ambiante et constante dans ces États là” et qu’“à partir de ce moment là les jeunes, les élites, les intellectuels commencent par s’interroger : Faut-il poursuivre ces coopérations ?” Pour lui, cela “amène parfois à des décisions un peu brutales, qui donnent le sentiment qu’on n’a pas besoin de coopération ou qu’on change un partenaire pour un autre “ et que “la question qu’on devrait se poser : cet autre partenaire a-t-il des intérêts ?”.