A moins de deux ans des élections présidentielles de 2026, l’on observe un silence plat de tous les Etats- majors des partis politiques sur les duos devant porter leur flambeau à cette échéance. Le même sénario est entretenu du côté des indépendants que la loi pourrait exclure, à moins que les partis politiques obéissent à une certaine largesse dans le choix de leurs candidats.
Qui peut être candidat selon le code électoral exclusif ? Cette question se rumine en silence dans les cercles restreints au sein des partis politiques y compris ceux de la mouvance présidentielle. Des ambitions sont souterraines, d’autres déjà exprimées même si c’est par voix médiatique par des actes qui alertent l’opinion publique politique. Romauld Wadagni, Olivier Boko, Joseph Djogbenou, Johannès Dagnon, Samou Séidou Adambi, Luc Atrokpo, Eric Houndété, Nourénou Atchadé, Joël Aïvo, Komi Koutché, Richard Boni Ouorou seraient sur la piste d’une possible candidature, sans que personne parmi eux n’ose dévoiler cette ambition que le président, chantre de la rupture, surveille comme du lait sur le feu. Mais selon la loi électorale votée le 5 et promulguée le 15 mars 2024, tout le monde peut être candidat aux élections présidentielles de 2026. La seule condition est que le candidat soit porté par un parti politique qui dispose du nombre d’élus exigés par le code électoral pour parrainer le candidat.
Conformément aux dispositions de la loi N°2024130du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral, en son article 41 nouveau alinéa 7, la déclaration de candidature aux élections présidentielles doit être accompagnée « des parrainages recueillis sur les formulaires nominatifs mis à disposition par la Commission électorale nationale autonome, auxquels sont jointes les preuves de l’appartenance des bénéficiaires ou de leur désignation par le parti ou coalition de partis des parrains pour les candidats à l’élection du duo président de la République et vice-président de la République ». Il suffit donc de pouvoir joindre à son dossier, « les preuves de l’appartenance des bénéficiaires ou de leur désignation par le parti ou coalition de partis des parrains pour les candidats à l’élection du duo président de la République et vice-président de la République ».
Autrement dit, en dehors des nombreuses pièces à fournir et de la caution à verser par le duo candidat, tout béninois ayant obtenu le quitus d’un parti politique avec les parrains requis pourra participer à la course vers le Palais de la Marina en 2026. Le parti Progressiste le Renouveau (Up-r) et le parti Bloc Républicain (Br) de la mouvance présidentielle tout comme le parti Les Démocrates, de l’opposition sans oublier Les Forces Cauris pour un Bénin Émergent (Fcbe), Nouvelle Force Nationale (NFN) et GSR peuvent, si les accords prospéraient dénicher leur duo de nulle part qu’ils pourraient présenter à l’élection présidentielle de 2026. Le choix de l’opposition béninoise comme celui de la mouvance peut porter sur celui que le parti juge capable de défendre valablement ses couleurs au scrutin qui permettra d’élire le successeur de Patrice Talon. La grande question est de savoir comment les états majors de chacun des partis politiques s’organisent pour ne pas se tromper de duo vu la taille de l’enjeu. Chez Patrice Talon, chef de la mouvance présidentielle comme chez Boni Yayi, guide de l’opposition, la question se discute très peu. Les deux camps s’observent et les potentiels duos présidents et vice-présidents de la République sont dans des calculs qui inquiètent surtout lorsque la possibilité d’un troisième mandat s’invite dans les débats.
Les années d’avant Talon, l’effervescence électorale embaume déjà tout le pays à deux ans de l’élection présidentielle, surtout que le président sortant a fini ses deux mandats constitutionnels. Quand bien même la loi aussi exclusive soit-elle, permet aux Béninois de se porter candidats avec la bénédiction des partis politiques, personne n’ose annoncer publiquement, ou du moins pour l’instant, son ambition pour ne pas la voir noyer dans le bassin de la ruse et de la rage. Qui donc de Koutché, Richard Boni Ouorou , Madougou, Aïvo, Atchadé, Wadagni, Dagnon, Atrokpo, Boko, Djogbénou, pour ne citer que ceux là, succèdera à Patrice Talon en fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel ? La question reste posée et bien malin qui pourra prédire cet avenir encore flou dans le choix des duos aux présidentielles de 2026.