Le 02 aout dernier, dans un élan de décrispation de la tension politique, le chef de l’Etat a pris, entre autres, le décret N° 2024-1082 du 02 août portant grâce présidentielle de 27 prisonniers politiques jugés et condamnés par la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme(CRIET). Seulement, en scrutant la liste, on se rend bien compte que le chef de l’Etat, sauf s’il a été induit en erreur, a gracié des gens déjà libérés et d’autres qui le seront dans quelques jours.
Mal conseillé ? Volonté de paraitre plus « gentil » ? Fourberie politique ? Le décret du chef de l’Etat donnant la grâce présidentielle à 27 prisonniers politiques suscite quelques indignations et essuie des contestations. Selon des sources concordantes, le nombre de 27 n’est qu’une chimère. La réalité en tout autre. Ses sources racontent que trois des 27 graciés ont fini de purger leurs peines et sont déjà libérés depuis plus d’un mois. Il s’agit de Bio Bouay Ousmane, Orou Moussé Bio Yo et Saré Ninna Bio libérés depuis le 07 juin. Et ce n’est pas tout. Six autres inscrits sur la liste des personnes graciées seront libérées normalement le 09 août prochain. Il s’agit de Orou Tokou Abdoul, Maboudou Imorou, Gueressounon Chabi, Yacoubou Sébastien Onyx, Kokobagui Dimon Sabi Ikililou, Owolabi David, Sorokou Moumouni et Barassounon Ibrahim Manaf. Au total, 9 personnes sur les 27 listées n’avaient plus besoin de cette grâce. Tout ceci amène certaines personnes à parler de la malhonnêteté du chef de l’Etat, On se rappelle qu’au cours d’une rencontre avec les responsables du parti Les Démocrates, Patrice Talon avait promis libérer au plus vite les jeunes prisonniers politiques impliqués dans les violences électorales en 2019, 2020 et 2021. Mais contre toute attente, il les a maintenus en prison, les a fait condamner et les y a laissés purger toutes leurs peines jusqu’à la fin et a attendu quelques jours de la fin pour les gracier. Dans un premier temps, la CRIET les a fait traîner pendant des mois sans arriver à trouver contre eux la moindre preuve de condamnation. Les premiers arrêtés pour les mêmes causes ont été libérés sans condamnation. Pour le reste, les faits sont requalifiés. De « l’appartenance à une organisation terroriste », on est passé à « provocation et participation à un attroupement armé » et cette fois-ci avec une discrimination au niveau des peines aussi.
Plusieurs autres personnes proches du dossier soulèvent les discriminations ethniques et régionales. En effet, selon eux, la majorité, sinon la totalité des prisonniers politiques des Collines, plus précisement des zones nagots comme Savè, Kilibo, Tchaourou n’a pas été graciée. Ils parlent à dessein du cas du jeune Agbadjè Wassiou, mécanicien à Toui(Commune de Ouèssè) arrêté à son atelier et contraint ainsi à abandonner ses apprentis.
Libération du plus vieux prisonnier du Bénin
L’une des satisfactions de cette grâce c’est la libération du plus vieux prisonnier du Bénin. Il s’agit de Koto Dafia arrêté dans le cadre des tensions électorales et gardé à la prison civile de Cotonou. Agé de 82 ans, il avait fait l’objet d’un plaidoyer par le professeur Frédéric Joël Aïvo dans sa lettre ouverte au garde des sceaux en mars 2023.