Bavures, exécutions sommaires, persécutions constantes des populations…la Police Républicaine adopte de plus en plus la posture de force de terreur et d’oppression. Depuis sa création en 2018, elle multiplie ses actions et rien ne semble l’arrêter. Le cas de Sori dans la commune de Gogounou est le dernier qui suscite indignation.
Depuis 1990, l’avènement de la démocratie au Bénin a renvoyé les militaires dans les casernes. Ainsi retirée de la vie politique et même publique, l’armée a laissé plus d’espace à la Police Nationale et à la Gendarmerie qui s’occupent conjointement de la mission régalienne de maintien de l’ordre public trois décennies, elles ont réussi à gagner la confiance des populations à travers leurs différentes interventions qui ont apporté la paix et la quiétude au sein des populations. A la vue de l’uniforme bleue de la police et treillis vert noir de la gendarmerie, les populations se sentent rassurées. Mais depuis 2018 avec la création de la police républicaine, la quiétude d’hier s’est mue en inquiétude et la vue de la même uniforme suscite psychose et panique générale. On a eu à maintes reprises la preuve avec de nombreuses paniques des populations à la vue des éléments de la Police Républicaine. Juste en ne voulant pas être les proies des persécutions policières courantes, des personnes ont fait des accidents et ont trouvé la mort. Le cas le plus connu est celui du jeune à Ekpè en Avril dernier.
Virage dangereux
Pourtant à sa création de cette nouvelle institution paramilitaire, les espoirs étaient grands et les discours officiels vendait chère la peau de l’institution. Elle devrait permettre de lutter contre l’insécurité et la grande criminalité. Un peu avant 2016, il y avait de temps en temps des braquages qui commencèrent à inquiéter les populations. La Police Républicain née de la fusion entre la Police Nationale d’alors et la Gendarmerie apparaît donc comme la panacée à tous les problèmes de sécurité puisqu’elle est la somme de l’expérience, du savoir-faire et des faits d’arme de deux institutions qui ont émerveillé par le passé. Les textes qui la fondent sont éloquents sur la vision et la doctrine de la Police Républicaine conçue comme une force de protection, de paix et de quiétude. Elle est garante sur l’ensemble du territoire national de « l’ordre public et la sécurité intérieure, de la protection des institutions et des installations, du respect des lois et règlements et enfin de la protection des personnes et des biens ». Mais dans les actes, c’est plutôt le contraire qu’on a observé avec la multiplication des cas d’exécutions sommaires et de bavures policières. Le 24 mars 2020, un élément de cette police fusille de sang froid le jeune étudiant Théophile Djaho sur le campus alors que ce dernier tentait de fuir pour échapper à la répression de la police qui voulait empêcher un mouvement de protestation des étudiants. Bien que cette mort ait suscité l’indignation, elle n’a jamais été élucidé et le policier auteur de l’exaction n’a jamais été connu, dénoncé et puni sévèrement. Idem pour celui du jeune Martin Honga fusillé lui aussi de dos par un autre élément de la police le 04 septembre 2023 à Hêvié. Sa mort aura aussi provoqué un tollé et des redditions de compte demandées par des organisations de la société civile et des partis de l’opposition mais la police est restée de marbre. Le cas de Sori dans la commune de Gogounou vient un virage dangereux d’une police qui semble desormais s’accommoder aux lâches tueries des populations qui ne demandent qu’à être protégées. Tout se passe comme si les policiers auteurs de ses exactions bénéficient d’une protection de leur hiérarchie, ce qui fait qu’ils ne sont jamais dévoilés, jamais connus et surtout jamais punis. Et pour que le cas de Sori soit le dernier, il faut que tous les Béninois épris de justice et de droits de l’homme s’indignent et réclament justice à tous les niveaux pour la personne tuée. Au cas contraire, ils auraient aussi par leur silence, contribué à l’émergence d’une police politique qui a tout l’air de la Gestapo connue sous l’Allemagne nazie.