L’actualité autour du pipeline Niger-Bénin et la suspension – puis l’autorisation provisoire – par le Bénin de l’exportation du pétrole brut nigérien à partir de Sèmè a propulsé sous les feux de la rampe la société chinoise WAPCO qu’il ne faut justement pas confondre avec WAPCo, une autre société bien différente.
Dans un dernier article à l’allure d’un tract ventilé à grande échelle sur les réseaux sociaux et intitulé « Révélation exclusive : La vérité sur le blocage du pipeline Bénin- Niger vue par les Patriotes de la Diaspora ! », le ou les auteur(s) ont fait glissé, à dessein peut-être, et de façon maligne une confusion malheureusement reprise par plusieurs médias et activistes des réseaux sociaux. Ils ont présenté la West African Oil Pipeline Company S.A(WAPCO) comme la société contractante mais ont présenté ensuite West African Gas Pipeline Company Limited (WAPCo) à la place de la première. Comme on peut bien déjà le constater à travers les noms, la différence se trouve au niveau du « o », majuscule pour la première et minuscule pour la seconde. Et les deux sociétés sont des entités différentes.
La première, WAPCO est une société chinoise, filiale du groupe chinois CNPC(China National Petroleum Corporation), en français Société nationale du pétrole de Chine. Il s’agit d’une entreprise pétrolière appartenant à l’État chinois et dont l’essentiel des activités en Chine ont été transférées à une filiale cotée en bourse nommé Petrochina. Il existe deux filiales qui portent le même nom : WAPCO Bénin et WAPCO Niger. Ces deux sociétés ont eu la lourde responsabilité de construire et d’exploiter le pipeline Niger-Bénin d’une longueur totale de 1980 Km dont environ 675 Km sur le sol béninois. WAPCO Niger s’occupe de la construction et de l’exploitation du pipeline du côté du Niger tandis que WAPCO Bénin a les mêmes charges du coté du Bénin. Le pipeline étant un thème anglais, il désigne un ouvrage destiné à transporter, sous pression et sur de grandes distances, des matières fluides. Le français distingue trois types de pipelines : le gazoduc, l’oléoduc. Le gazoduc lorsqu’il s’agit du transport du gaz et l’oléoduc quand on a affaire au transport du pétrole ou tout autre hydrocarbure fluide. Dans le cas du pipeline Niger-Bénin, il s’agit donc d’un oléoduc. C’est un système industriel constitué de tubes et d’accessoires, souvent organisés en réseau.
WAPCo, loin des polémiques
WAPCo, avec o minuscule n’a rien à voir avec le pipeline Niger-Bénin. Cette société n’est, ni de près, ni de loin, associée à la construction et à l’exploitation de ce pipeline et n’a aucun partenariat ou collaboration avec WAPCO. D’ailleurs est plus ancienne que cette dernière puisque créée en 2003. WAPCo est une société internationale qui transporte du gaz naturel au Nigeria, au Bénin, au Togo et au Ghana de manière sûre, responsable et fiable afin de créer de la valeur pour ses diverses parties prenantes. Cette fois-vi, il s’agit d’une société internationale ayant son siège social à Accra, au Ghana, avec une succursale à Ikeja, au Nigeria et des bureaux extérieurs à Badagry – Nigeria, Cotonou – Bénin, Lomé – Togo, Tema et Takoradi au Ghana. WAPCo) possède et exploite le West African Gas Pipeline (WAGP) ou Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest qui est un gazoduc essentiellement offshore(en mer) qui part d’Itoki au Nigéria pour desservir le Bénin, le Togo et le Ghana. Il est bidirectionnel (capable de conduire du gaz depuis le Nigéria vers les autres pays ou du Ghana vers les autres pays) de 678 km qui part d’Itoki au Nigéria avec quelques parties onshore tandis que le pipeline Niger- Bénin est un oléduc onshore( sur le continent) avec une petite partie de 30km offshore. Contrairement à ce que certains papiers et tracts ont pu affirmer, WAPCo n’est nullement créée dans les Iles Bermudes mais au Ghana. Et ses actionnaires sont bien connus. Il s’agit de l’américain Chevron West African Gas Pipeline Ltd avec 36,9 %, Nigerian National Petroleum Corporation avec 24,9%, Shell Overseas Holdings Limited avec 17,9%, la Société Togolaise de Gaz avec 2% et BenGaz avec également 2%. Cette dernière est la seule société béninoise membre du consortium des actions. Malheureusement, depuis 2021, BenGaz qui est également un consortium traverse une crise née du fait que le gestionnaire en intelligence avec l’actionnaire majoritaire ont détourné les fonds de la société pour des objectifs autre que ceux sociaux. Nous reviendrons bientôt sur ce dossier dans nos prochaines parutions.