Il reste toujours la première menace pour le régime de la rupture. Huit ans après son départ du pouvoir, Boni Yayi continue de hanter le sommeil des responsables politiques actuels. L’homme qu’on a maintes fois tenté d’ « enterrer » politiquement, renaît chaque fois de ses cendres comme un phénix. Et pour le décourager, toutes les persécutions sont essayées. Même les plus insolites.
L’actualité de l’interruption d’un concert Gospel dans la ville de Parakou la veille du Pentecôte a fini définitivement de confirmer à la face du monde la traque permanente dont Boni Yayi fait l’objet. Les explications du sieur Thimothée Gbémadon n’auront pas convaincu grand-monde sur le fait que la présence de Boni Yayi n’aurait pas motivée cette interruption. A la limite, maintes personnes prennent ces propos comme ceux de quelqu’un qui, arrêté la veille sur le sujet, a été contraint de polir l’opération policière pour se racheter. Et les faits semblent leur donner raison puisqu’à Nikki où il y a eu concert et à Cotonou où il y a eu un grand meeting politique ; on n’a pas remarqué la présence d’autant de policiers pour la sécurisation des lieux si ce n’est que l’argument de sécurisation brandi par la police. A demi-mot, on comprend bien que la présence de l’ancien président Boni Yayi sur les lieux a été l’élément déclencheur de cette irruption de la police sur les lieux. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau. A chaque sortie, du président actuel des Démocrates, la fièvre hectique s’empare de plusieurs leaders politiques de la majorité présidentielle. Avant le cas de Parakou, il y a eu ceux d’Abomey-Calavi et de Dogbo où les passages de Boni Yayi et du parti Les Démocrates ont entraîné des sanctions envers les autorités communales ou des interdictions venant de leurs parts pour se mettre à l’abri des représailles du pouvoir en place. De façons fréquentes, le parti a dénoncé des manœuvres du pouvoir pour nuire à son leader charismatique. Le jeudi 16 mai dernier au parlement, le groupe parlementaire Les Démocrates a fait un communiqué dans lequel il a dénoncé cet acharnement et la campagne de sabotage quasi systématique contre la personne. « De toute évidence, cela appelle autre chose que les querelles de personnes, les polémiques futiles et inutiles des acteurs qui, en panne d’objectivité et de responsabilité, réduisent maladroitement et bougrement les problèmes conjoncturels de deux peuples à une frontalité oppositionnelle Yayi-Talon. Mais au fond pourquoi l’ancien Président Boni Yayi hanterait si tant les esprits d’un pouvoir qui dit avoir rompu depuis plus de huit ans et qui hélas peine à prendre un nouveau départ » , lit-on dans cette déclaration. Déjà le 12 février dernier, le même parti avait fait sortir une déclaration pour dénoncer des projets d’assassinat de leaders du parti dont Boni Yayi
Pierre angulaire
Traqué, filé, humilié, Boni Yayi l’est depuis 2016. Ayant passé par toutes les voies pour obtenir son silence et le contraint à se retirer de la vie politique du pays, Boni Yayi a connu des persécutions indignes d’un ancien Président de la République. En dehors de la campagne de sabotage quasi permanente contre lui sur les réseaux sociaux et dans les médias, le pouvoir a utilisé les méthodes fortes pour le décourager. C’est ainsi que son parti politique les FCBE lui ont été arrachées par ces propres poulains politiques et il a été obligé d’en créer un autre parti Les Démocrates qui fait son petit bonhomme de chemin. En 2019, il a subi la plus atroce des humiliations et de la persécution politique lorsqu’il a été mis en résidence surveillée pendant cinquante deux jours avant de le laisser libre. Au fur et à mesure qu’on s’approchera des élections fatidiques de 2026, la persécution va montrer d’un cran et Boni Yayi sera la cible de plusieurs flèches venant de la majorité présidentielle. Ce qui gêne c’est sûrement sa popularité restée intacte depuis l’avènement de la rupture. Bien au contraire, il a gagné en estime face à la politique peu sociale du régime qui a fait regretter à beaucoup l’ère Yayi.