Aurelie Guézo, comédienne de renom, connue comme telle, membre du groupe humoristique « Sémako », sortie un peu de ses émotions de scène nous a gratifiés hier d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Elle est apparue cette fois-ci plus sérieuse, l’air grave, commençant son speech en montrant les emplettes faites à son retour du marché. Huit piments verts pour 100F, 2 pour 25F donc. Et elle lâche : « Quand j’étais enfant, on dit que c’est quand la famine vient que le piment devient cher et je peux dire que la famine est là» après avoir posé la question de savoir si le piment vert n’est plus produit au Bénin. Les piments mis de côté, elle soulève un bol d’où l’on voit apparaître au fonds une portion congrue de gari. Et toujours la même question de sa part, « le gari aussi est-il produit au Bénin ? ». Puis enfin, elle parle du maïs, denrée de base pour l’alimentation des Béninois bons mangeurs de pâte. Et là, le bol est vide car le maïs est à 600F, la mesure. Elle n’a pas eu le courage de s’en approcher
Elle a également des ennuis professionnels. Le secteur des arts de scène est en souffrance et les acteurs sont contraints au chômage. « Vous avez dit que nous les comédiens béninois nous ne sommes pas compétents. Nous ne refusons pas », mais ajoute-t-elle, « regardez ces CD tous timbrés et canal+ est venu nous affamer. Qu’allons-nous faire maintenant ? », s’interroge l’artiste visiblement horripilée. Pour expliquer dans un français facile, elle s’offusque du fait que l’on l’oblige à se « saigner » pour payer les timbres BUBEDRA pour ses CD, donc en dépensant de l’argent et en payant des taxes pour l’Etat pour finir par ne rien y gagner. Le secteur étant tombé entre temps dans les mains d’un mastodonte de l’industrie audiovisuelle étrangère. Son cas n’est pourtant pas singulier. Il est celui de la majorité des Béninois. En dehors de la cherté de la vie, ils doivent faire face aux exigences qu’imposent les nombreuses réformes et qui, soient les ont contraints au chômage ou les ont totalement pillé en promettant une hypothétique réorganisation de la filière. On vous contraint à vous régulariser, à payer taxe et impôts pour un secteur qu’on vide après de son contenu en le laissant dans la main de grandes entreprises étrangères qui y captent la majorité des ressources et terrorisent les petits entrepreneurs. Ces réformes sont basées sur une politique néolibérale qui vise à faire disparaître les faibles, à les faire dépenser, à les forcer à payer taxes et impôts alors que rien n’est fait pour qu’ils gagnent le peu qu’ils gagnaient afin de continuer à exister.
Le curseur est mis à un niveau très élevé, en fonction et à la taille des riches, des sociétés et firmes internationales, des personnes aisées. Toutes les réformes sont faites selon leur niveau comme si le Bénin ne comptait que des citoyens de leur rang social et de leur niveau. On tient uniquement compte de leurs capacités, de leurs moyens, de leurs expériences pour définir les règles générales et on oblige les autres à s’y conformer. Tant pis aux faibles, aux pauvres et aux débutants dans un secteur. Au lieu d’aider les amateurs, les gagne-peu, les débutants et les moins nantis à se conformer, à se professionnaliser et y gagner de l’argent dans leurs secteurs d’activités et payer des impôts et des taxes, on les presse à se régulariser, à payer des impôts et des taxes avant de les abandonner à leurs sorts. Chaque jour, on force la main aux populations à donner un peu plus, on augmente les taxes, les impôts, les frais des services et des pièces administratives. Toujours les mêmes qui donnent chaque fois un peu plus sans qu’on ne se préoccupe de ce qu’ils gagnent. Tout se passe comme si on éprouve la capacité de résistance des populations prises comme des cobayes au laboratoire.
Cette politique sauvage de réformes a poussé des millions de Béninois dans la vulnérabilité, la précarité et la misère ambiante. Beaucoup parmi eux sont déjà morts de stress ou de manque de soins, les autres qui résistent sont des « morts debout ». Ce sont des gens tirent le diable par la queue et qui vivent sans savoir ce que le lendemain leur réserve. Des gens devenus insensibles à tout, nerveux, jaloux et qui ont perdu en eux toute humanité. Ce sont les « morts debout » qui essaiment le pays. Que cette voix d’Aurélie Guézo soit la liberté pour ceux qui s’affaissent au cachot du désespoir.