Le Code électoral voté dans la nuit du 5 mars dernier au Palais des Gouverneurs de Porto-Novo par les députés de la majorité présidentielle et rejeté par les 28 députés du parti Les Démocrates continue de susciter de vives réactions au sein de la classe politique et surtout du monde de la société civile. Reçu ce dimanche 21 avril 2024 sur Radio Tokpa, le président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption (FONAC) , Jean-Baptiste Elias a encore dénoncé le côté liberticide et exclusif de ce code électoral notamment au niveau du parrainage des candidats pour l’ élection présidentielle de 2026.
Présent au Sénégal lors de l’élection présidentielle de mars 2024 , le président du Fonac a révélé qu’il y a 3 niveaux de parrainage dans ce pays à savoir: le parrainage des citoyens , le parrainage des députés et le parrainage des élus locaux. Au Bénin, “nous, on ne joue que sur le parrainage des élus. On a mis de côté le parrainage des citoyens On dit c’est seulement le parrainage des élus et nous avons 186 parrains à savoir les 77 maires et les 109 députés” a déclaré le Président du Fonac avant de poursuivre : “Mais la loi dit ici qu’aucun député ne peut aller parrainer qui il veut. Il doit parrainer le candidat de son parti ou le candidat retenu par son parti ou par coalition de partis”. Selon l’expert en gouvernance, cela “veut dire que 186 personnes sur les 13 millions des Béninois vont dire : voici les 3 candidats que moi je propose à tous les Béninois, de dire c’est seulement parmi les 3 là que vous allez prendre quelqu’un pour être président de la République”.
Pour Jean-Baptiste Elias, “ c’est dangereux. C’est une exclusion très claire. Il faudrait le dire et il faudrait faire en sorte que nous puissions éviter des choses de ce genre. On ne peut pas. Nous ne sommes pas à Moscou ici”. “186 personnes vont se lever pour dire, nous -là, on ne peut que vous proposez que 3 candidats pour que vous puissiez choisir parmi les 3” a-t-il dénoncé. Autrement dit, affirme Jean-Baptiste Elias, “personne qui se sent capable de diriger le pays, qui a de bonne intention pour le pays pour dire me voici”. “Or le parti ne vous a pas choisi, vous ne pourrez pas. Ce n’est pas bon” a-t-il fait savoir. Il a indiqué que “beaucoup de gens disent que ce n’est pas bon” . “Il faut qu’on tienne compte de ça”” a martelé le président du FONAC avant d’ajouter : “Nous avons encore 18 mois devant nous pour corriger le Code électoral puisqu’ à 6 mois des élections, la CEDEAO a dit il ne faut plus toucher au code électoral” et “ce que le président a promulgué comme révision du code électoral qui exclut”.
“On dit que le code n’est pas exclusif mais il est exclusif puisqu’ il ne peut permettre à ce que 3 candidats puissent se présenter. Nous avons 15 partis dans le pays. Les partis sont constitués pour avoir le suffrage universel, conquérir le pouvoir par les urnes et exercer le pouvoir d’État. C’est ça le parti politique” a laissé Jean-Baptiste Elias et d’ajouter que “nous avons accepté de dire que 15 partis politiques remplissent les conditions prévues par la loi pour être autorisées à être parti politique. Mais nous refusons à ces partis de venir se présenter devant le peuple pour conquérir le pouvoir et l’exercer”. “Nous disons que ce n’est pas exclusif, c’est exclusif” a-t-il affirmé. Pour lui, “Vous n’avez pas le droit de dire, nous sommes 186 dans le pays de13 millions d’habitants” que “c’est nous qui allons dire voici les 3 personnes que nous jugeons utile, que nous jugeons capable d’être président de la République du Bénin. Choisissez parmi les 3 au non de quoi ? Les droits de l’homme ne disent pas que l’on puisse agir comme ça. Il faut faire attention. Il faut laisser les gens y aller pour aller convaincre la population”.
Question des PV
Le Président Jean-Baptiste Elias n’a pas manqué de soulever le problème du Procès verbal ( PV) qui s’est posé devant la Cour constitutionnelle où des partis politiques n’ ont pas pu déposer des PV sur leurs recours . “Normalement on doit pouvoir le faire et on doit donner à chaque représentant de partis politique ou de candidats le PV des dépouillements des élections au niveau de chaque poste d’une part, le PV de compilation au niveau de chaque arrondissement d’autre part” a déclaré l’expert en gouvernance. Pour lui, c est cela qui va permettre “aux gens en cas de contestations de présenter à la Cour constitutionnelle pour dire voici les résultats que j’ai eu officiellement et c’est sur la base de ça que je me rende compte que j’ai été malmené “ et grugé et qu’“on m’a arnaqué, je vous demande de me faire justice”.