Guère emballée par les discours flagorneurs autour du nouveau Code Electoral, l’Alliance pour la Patrie (APP) affiche son amertume et sa grande déception. Dans un communiqué publié ce jour et signé par le Président de son Conseil National Philippe Noudjènoumè, l’alliance tire cinq leçons du vote de ce code crisogène et affirme que « les voies électorales pour la restauration de la démocratie sont fermées.
COMMUNIQUE AU PEUPLE
Révision du Code Electoral : les voies électorales pour la restauration de la Démocratie au Bénin sont fermées.
En cette nuit du mardi 6 Mars 2024, la loi 2024 -13 modifiant et complétant la loi 2019- 43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin a été adoptée par 79 voix pour ( l’ensemble des députés des deux Partis du pouvoir- sans aucune opposition) et 28 voix contre, du parti « Les Démocrates ».
La nouvelle loi adoptée dit nettement que pour être candidat aux fonctions de Président et de Vice-Président de la République il faut être parrainé par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 15% ( au lieu de 10% dans les dispositions antérieures) de l’ensemble des députés et des maires et provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales législatives » (Article 132 du Code.)
Pour les élections législatives, seules les listes ayant obtenu au moins 20% (au lieu de 10%) des suffrages exprimés au plan national seront éligibles à l’attribution de sièges. Autrement dit, pour être élu Député, il faut que sa liste ait obtenu 20% du suffrage valablement exprimé au plan national.
De même, un député ou un maire ne peut parrainer qu’un candidat membre ou désigné du parti sur la liste duquel il a été élu.
Les 15% de députés et/ou de maires pour parrainer un candidat à la présidentielle correspondent exactement aux 28 députés actuels du Parti Les Démocrates », puisque 77 Maires +109 députés font 186 élus et 15% de ces 186 élus donnent 28. De même les 3/5 des circonscriptions électorales législatives correspondent à 15 circonscriptions, exactement le nombre de circonscriptions où le parti « Les Démocrates » a des députés.
Quelles Conclusions tirer de ces nouvelles dispositions ?
La première : Seuls les deux Partis siamois UPR-BR et peut-être le Parti « Les Démocrates » sont désormais habilités à parrainer une candidature à la Présidentielle. Autrement dit, c’est Talon qui est à même de désigner qui sera le prochain candidat à l’Election présidentielle 2026.
Autrement dit c’est le principe « Après nous, c’est nous » qui va s’appliquer avec la continuation du Système Talon.
La deuxième conclusion : A cette manœuvre, le parti « Les Démocrates » est autorisé à jouer à l’accompagnateur pour crédibiliser le système aux yeux de l’opinion internationale. Autrement dit pour attester à l’international de « l’inclusivité » du système électoral Talon.
La troisième conclusion est que, ceux qui se sont réjouis du vote du 03 Mars 2024 ayant abouti au rejet de la révision de la Constitution, sont allés trop vite en besogne, soit par naïveté, soit par inconscience, oubliant que la Rupture a plus d’un tour dans son sac. Le scénario du 03 Mars 2024 n’a été, comme on le dit dans le langage footballistique «qu’une feinte de corps » au peuple, pencher le corps à gauche et faire passer la balle à droite.
La quatrième conclusion est l’unité et la solidité des tenants du système malgré les avatars en leur sein ; car ceux qui ont été, dans la mouvance, applaudis pour avoir osé braver le Président et créer une illusion d’opposition interne au système autocratique lors du vote de rejet de la Révision, se sont tous rangés sagement et ont voté le Code électoral d’extrême exclusion, le Code assassin, despotique et crisogène.
La cinquième conclusion est la détermination du Président Talon à perpétuer le Système de famine, d’assassinat des libertés et d’indignité nationale, en dépit de tout, en dépit de tous les avertissements des Autorités morales (civiles et religieuses) du pays, pour préserver un pays pacifique.
Non seulement il arrache au peuple électeur son droit de désigner ses représentants, mais il arrache à une partie de la classe dirigeante le droit de prendre part à la nomination « des représentants » du peuple. Le cas du PRD à Porto-Novo qui malgré sa majorité écrasante dans cette Commune s’est vu confier la gouvernance aux partis de la mouvance est désormais là pour tout illustrer.
Maintenant tout est clair : le dossier électoral 2026 est bouclé: les voies électorales pour la restauration de la Démocratie et du Patriotisme au Bénin sont fermées.
Cotonou, le 08 Mars 2024
Pour le Conseil National pour une Gouvernance Patriotique et Démocratique de l’Alliance Pour la Patrie
Le Président
Philippe T. Noudjènoumè