Après les courriers de leurs différents maris au chef de l’Etat et au garde des sceaux, les femmes des jeunes détenus de 2021, étudiants comme artisans, saisissent à leur tour Patrice Talon. A travers un courrier dont notre rédaction a obtenu copie, elles exposent leurs vies d’enfer depuis 2021 et demandent la clémence du président Patrice Talon
Ayant pour objet « demande de relaxe de nos époux selon votre engagement », ledit courrier qui date de ce 22 février expédié depuis Parakou expose clairement les inquiétudes et les misères de ses expéditrices. « Cela fait environ 3 ans que sans en être pleinement responsables, nous femmes de détenus des manifestations politiques de 2021, subissons durement dans nos chairs, nos cœurs et nos esprits les récriminations de nos époux. Abandonnées à nos sorts sans aucun soutien, nous avons à nos charges des enfants à éduquer, à soigner, à entretenir, à scolariser, à nourrir mais avec quoi alors que déjà à deux ce n’était pas aisé », déplorent-elles avant de dénoncer cette injustice : « Pour rappel, plusieurs de nos époux n’ont jamais vu un juge en trois ans et cela en plus du poids laissé à notre unique charge devient plus désespérant car nous ne savions pas quand ces aller-retour des visites quotidiennes allaient prendre fin et nous organiser en conséquence ». Bien conscientes que la justice est débordée par les dossiers, elles invitent les autorités à tenir compte de ces cas et à soulager les prisons et les tribunaux en évacuant les dossiers de moindre importance. Elles reviennent enfin sur la promesse faite par Talon lui-même de libérer les jeunes qui « n’ont pas à répondre de l’acte des responsables identifiés » et affirment qu’elles avaient reçu cette information comme « un vent de soulagement » de leurs maux et « un nouvel espoir ». Elles implorent une fois encore, à la suite de leurs maris, la clémence du président de la République afin que leurs maris soient libérés au plus tard à la veille des carêmes musulmans et qu’ensemble ils puissent rendre gloire à Dieu pour attirer plus de bénédiction sur le Bénin et ses dirigeants. « Nous voudrions vous dire, Excellence Monsieur le Président de la République que vous restez le seul espoir de survie pour nos familles. Trois années de privations de tous genres ; certains de nos maris ont perdu femmes et enfants sans pouvoir les enterrer… », affirment-elles avant de conclure : « nous espérons que ces quelques lignes qui soulignent notre quotidien toucheront votre sensibilité de père aimant qui a le sens du pardon, de la réconciliation nationale et de la paix durable. Nous attendons avec beaucoup d’espoir une suite satisfaisante à nos doléances ».